Le front occidental en 1916
Depuis la bataille de la Marne, la région fortifiée de Verdun est calme. Cette région est un peu négligée du côté allié, d’autant que, d’accord avec le général Haig, le général Joffre consacre le maximum de moyens à la préparation de l’offensive de la Somme fixée au 1er juillet. Le général von Falkenhayn a choisi de faire effort sur Verdun en raison du prix accordé par les Français à cette place : une victoire d’un grand effet moral est escomptée, en même temps qu’un succès à résonance dynastique, puisque la Vème armée est commandée par le kronprinz. Le commandement français ne dispose pas de voie ferrée, car le saillant de Saint-Mihiel coupe la vallée de la Meuse, et l’artillerie allemande tient sous son feu la ligne venant de Sainte-Menehould.
La bataille de Verdun comprend deux périodes :
Première période (21 fév.-1er juillet)
L’attaque allemande se décompose en quatre phases :
1re phase. Après une préparation d’artillerie qui dure neuf heures et demi, neuf divisions d’infanterie (six en 1er échelon, trois en 2e échelon), appuyées par le tir de 1 250 canons dont 770 lourds, attaquent sur dix kilomètres de front entre la Meuse et le bois de Herbebois inclus, soit une division sur 1 500 mètres de front, 120 pièces d’artillerie au kilomètre. Malgré une résistance acharnée, la ligne de contact est reportée, le 24, à Champreville, Mormont, la côte 378, Bezonvaux. Le 25, la côte du Poivre, Louvemont ,le fort de Douaumont et la côte 344 sont enlevés.
2e phase. Le 25, à minuit, le général Joffre a donné le commandement de la région fortifiée au général Pétain, commandant la IIème armée, qui remet en ordre les secteurs et organise une « noria » motorisée de transport de troupes et de ravitaillement sur la route Bar-le-Duc – Souilly –Verdun (la Voie Sacrée). Le 4 mars, les Allemands marquent le pas sur la rive droite. Une lutte d’usure s’engage , l’assaillant visant le fort de Vaux sur la rive droite, la côte 304 et le Mort-Homme sur la rive gauche.
3e phase. Du 22 mars à fin avril, des assauts violents de l’infanterie allemande se succèdent sur les deux rives de la Meuse. Le Mort-Homme est conquis, la côte 304 très menacée. L’attaque générale des 9 et 10 avril échoue.
4e phase. Le 1er mai, le général Pétain prend le commandement des armées du Centre. Il est remplacé à Verdun par le général Nivelle. Au mois de mai, la lutte se caractérise par des opérations autour de Douaumont, à la côte 304 et au Mort-Homme. Du 1er au 10 juin, la bataille s’intensifie autour du fort de Vaux qui tombe le 9. L’attaque de cinq régiments allemands, le 23 juin, vient mourir à la Côte de Froide-Terre. La dernière attaque, le 1er juillet, se solde aussi par un échec.
Deuxième période (16 juil. – fin déc.).
La contre-offensive française se développe en trois phases :
1re phase. Elle est marquée, du 16 juillet au 21 octobre , par les combats de Thiaumont et de Fleury, du 1er août au 9 septembre par ceux de Damloup, des bois de Vaux, Chapitre et du Chenois, et, sur la rive gauche, par ceux du Mort-Homme et d’Avocourt.
2e phase. Le 24 octobre le général Mangin reprend Douaumont avec trois divisions. Le 2 novembre, le fort de Vaux est à son tour occupé par les Français
3e phase.Après un mois de préparation, une opération de dégagement, entamée le 15 décembre, permet de reprendre Bezonvaux, Louvemont, la côte du Poivre, Vacherauville. L’attaque est menée par Mangin, sur dix kilomètres de front, avec neuf divisions , dont 5 en premier échelon. Le 16 décembre, le général Nivelle appelé à remplacer le général Joffre, cède son commandement au général Guillaumat. , le général Hindenburg succède au généralissime Falkenhayn, disgracié. La bataille de Verdun, dont les combats les plus acharnés et les plus décisifs se sont livrés dans un carré de cinq kilomètres de côté, a coûté, en 1916, à la France 378 000 tués, blessés ou disparus ; à l’Allemagne, 336 000. La prodigieuse énergie du soldat allemand s’est usée contre l’héroïque ténacité du soldat français.
La bataille de la Somme (1er juil.-fin nov)
L’offensive doit s’exercer sur soixante-dix kilomètres de front de part et d’autre de la Somme ; au nord avec 26 divisions anglaises commandées par les généraux Rawlison, Allenby et Gough de la Somme à Hébuterne ; au sud avec le groupe d’armées du général Foch, de la Somme à Lassigny : VIème armée (général Fayolle) et Xème armée (général Micheler). La mission est de rompre le front sur l’axe Bapaume-Cambrai-Maubeuge pour contraindre l’ennemi à un repli général. La préparation d’artillerie dure du 24 juin au 1er juillet. La bataille peut se diviser en quatre phases : du 1er au 17 juillet reprise de Pozières, Longueval et Maurepas ; du 17 juillet à fin août avancée vers Cléry et Combles, puis après une accalmie due au mauvais temps du 3 au 26 septembre ; enfin des premiers jours d’octobre à la fin novembre reconquête de terrain vers Péronne et le bois de Saint-Pierre -de -Vaast . La progression est lente, dure et sanglante. L’artillerie joue un rôle prépondérant, et les chars d’assaut apparaissent pour la première fois sur le front anglais le 15 septembre. Solidement retranchés notamment dans les villages , les Allemands lâchent Combles le 26 septembre, mais ne cèdent pas Péronne. Ils ont perdu 500 000 hommes, les Anglo-Français 750 000 ; le front allemand n’est pas rompu, mais l’étreinte ennemis sur Verdun s’est relâchée.
Ajouter un commentaire