Opération « Sentinelle »
Pour le président de la République, »l’opération « Sentinelle » a une fois de plus prouvé son efficacité ». En saluant le 3 février la réaction des soldats attaqués par un homme armé de machettes au Carrousel du Louvres , François Hollande écarte le débat qui s’est développé depuis 2015 sur la pertinence d’une présence militaire armée permanente sur le territoire national au nom de la lutte contre le terrorisme.
Au Louvres, les quatre soldats du 1er Régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers (Ariège), ont parfaitement réagi au regard des règles enseignées aux militaires déployés dans les rues françaises-« Sentinelle » , dont l’emploi est placé sous l’autorité civile des préfets , mobilise 7 000 hommes plus une réserve de 3 000, répartis pour moitié à Paris et en région.
La préparation à cette mission dure d’une à trois semaines selon l’expérience initiale des soldats. Ce stage spécifique , identique pour les réservistes et les militaires d’active, doit les préparer à répondre à une attaque en maîtrisant l’usage du feu et en évitant au mieux les dégâts collatéraux dans une foule. Cela a été réussi vendredi, se félicite la hiérarchie.
Mais « Sentinelle », dont l’efficacité globale a été contestée dans plusieurs rapports d’experts ou de parlementaires , a toutes les chances d’évoluer après la présidentielle, comme le souhaitent plusieurs candidats. Risques d’incidents, mauvaise complémentarité avec les forces de police, surchauffe des armées, fragilisation de leur valeur dissuasive, tels sont les défauts majeurs.
Un premier problème a été corrigé quand l’opération, cantonnée depuis début 2015 à des gardes statiques devant des lieux sensibles (« des cibles devant des cibles »contestaient les militaires), a basculé à l’été 2016 vers des patrouilles mobiles , jugées plus dissuasives .
Mais au fond la valeur ajoutée des armées pose toujours question. Interrogé le 12 janvier par le député (LR) Georges Fenech, le ministre de la défense n’a pas levé l’ambiguïté sur la latitude d’action laissée à la force en cas de nouvel attentat de type Bataclan : Si on a une salle de spectacle complètement cloisonnée avec des terroristes à l’intérieur, ce n’est pas »Sentinelle » qui est la plus compétente », mais plutôt le GIGN ou le RAID, a ainsi répondu Jean-Yves Le Drian.
Article de Nathalie Guibert dans Le Monde du lundi 6 février 2017
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