Rôle des Sous-Marins en Libye
Tous les moyens auront été mis en œuvre par l’exécutif français pour que l’opération militaire en Libye soit une réussite. Paris a ainsi successivement déployé quatre sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) sur ce théâtre , dont l’un a effectué deux passages. En plus de tous ses avions de combat disponibles , son porte-avions, ses deux bâtiments de commandement porte-hélicoptères et ses forces spéciales au sol.
Les SNA ont été engagés durant huit mois , soit avant le feu vert de l’ONU pour l’intervention aérienne. Le premier est parti dès la fin février collecter le renseignement préalable à la décision de lancer les premières frappes sur les colonnes kadhafistes à Benghazi, le 19 mars.
Les discussions entre chefs d’état-major des marines britannique et française ont commencé elles aussi un mois avant le début de l’opération, pour répartir les zones d’intervention respectives : en langage de sous-mariniers « pour que chacun puisse avoir de l’eau ». Conservant un commandement national sur ses moyens stratégiques, « la France a pu faire ce qu’elle voulait » dans l’opération <<Unifield Protector >> de l’OTAN, note un officier sous-marinier. Elle fut le seul membre de la coalition à décider de maintenir ce moyen tout du long.
Les sous-marins nucléaires américains et les britanniques ont joué un rôle essentiel les premiers jours pour lancer les missiles Tomahawk qui ont neutralisé les défenses antiaériennes libyennes. Turquie, Espagne, Italie ont ensuite ponctuellement déployé des sous-marins classiques pour des missions de surveillance.
Le SNA parti le premier a également clos le 25 octobre. En précurseur, il a balayé toute la côte libyenne. << Il s’agissait simplement de savoir ce qui se passait : quelle était l’intensité des combats et la valeur opérationnelle des camps en présence >>, explique le commandant L. que Le Monde a rencontré le 4 novembre. »Quand nous sommes arrivés nous avons vu que les mouvements des pétroliers avaient cessé autour des terminaux côtiers, qu’il n’y avait aucune activité de pêche, notamment dans le golfe de Syrte, fermé par une « death line » par le colonel Kadhafi.
Le jour suivant le vote de la résolution de l’ONU, le sous-marin a assisté au changement d’attitude des forces kadhafistes. « Elles ont arrêté de faire voler leurs avions et de faire sortir leurs bateaux et ont mis en place leur défense antiaérienne » Le Guide libyen avait pris la mesure de ce qui s’annonçait.
En revenant sur le même théâtre mi-juillet, le même SNA a cette fois préparé l’intervention des hélicoptères français. Habituellement le sous-marin chasse seul. << Une telle intégration en soutien des frappes d’hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de terre , c’est sans précédent >> souligne le commandant H. Tirs d’artillerie, feux d’artifices, activités portuaires, déplacements humains ; « Nous avons pu détecter le soulèvement de Tripoli » ajoute le commandant H. Avec une frégate britannique, le SNA est alors le seul bateau en mer devant la capitale libyenne.
Maîtres du littoral, les sous-marins ont été les yeux du conflit. <<Cela a pallié l’absence de troupes au sol >> commente le commandant H. Ils ont aussi contrôlé les ports, neutralisant la marine du colonel Kadhafi. La seule menace qui a persisté était celle des bateaux suicides et des mines .Elle a été finalement très limitée, sans que l’on sache vraiment pourquoi.
<< Ils auraient pu faire très mal >> ajoute l’officier français, sachant qu’en surface une quarantaine de bateaux de la coalition encombraient les côtes sans vrai coordination.
Les équipages n’a vaient pas connu de telles missions de guerre depuis le Kosovo. Elle s’est déroulée en immersion périscopique, position de faible profondeur la plus délicate pour le sous-marin. Pour ses hommes ce fut une guerre en direct et à distance. « Vous êtes face à un territoire sur lequel les gens s’entre-tuent. Vous les voyez >> En l’absence de troupes au sol, une étrange impression de spectateur.
( article de Nathalie Guibert dans Le Monde du 8/11/11)
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