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Achat de Mistral par Moscou

LE POINT  Par Jean GUISNEL

ACHAT DE MISTRAL : MOSCOU DEVOILE SES INTENTIONS

Connu depuis le mois de novembre 2008 , le projet de contrat Franco-Russe autour du bâtiment de projection et de commandement Mistral entre dans sa phase active . Dans une dépêche que vient de publier l'agence de presse Russe RIA Novosti , le patron du Service Fédéral de coopération technique et militaire , Mikhaïl Dmitriev , annonce que la décision est prise "au niveau politique" d'acheter un navire Français de type Mistral . Moscou propose d'acquérir un navire clés en main en France , ainsi qu'une licence pour construire trois autres navires dans ses propres chantiers.

Sans doute pour mettre un peu de pression dans les tuyaux , Moscou avait annoncé récemment avoir ouvert les discussions avec les chantiers Espagnols Navantia . Ce sérieux concurrent de l'entreprise Française DCNS a récemment vendu à l'Australie deux exemplaires de la série Juan Carlos 1 plus gros que le Mistral. Les néerlandais de Damen Schelde proposaient à Moscou leur Johan de Witt. Les Coréens n'étaient pas en reste , avec leur classe Dokdo . Maintenant que cette annonce est faite en faveur de la France , les choses sérieuses vont commencer , sous forme de négociations ardues , à trois niveaux :

commercial , diplomatique et technique.

   Il faudra dans un premier temps que Français et Russes trouvent un accord sur la nature du contrat . Car Paris souhaite vendre deux navires "clés en main" et céder la licence de construction pour deux autres . Pour l'Elysée , qui dirige ces opérations en direct à travers la war room conduite par le secrétaire général de la présidence Claude Guéant , il est indispensable de nourrir le plan de charge des chantiers de Saint-Nazaire. Ceux-ci construisent actuellement un troisième BPC (après le Mistral et le Tonnerre) , le Dixmude , dont les premiers éléments ont été assemblés le 20 janvier dernier . Mais , pour Moscou dont les chantiers navals sont à la dérive , il est essentiel d'acquérir de nouvelles méthodes de construction , voire tout simplement des plans de navires modernes. Sachant que la "coque propulsée " du Mistral est conçue aux normes civiles , tout comme celle d'un vulgaire ferry . Elle n'a rien à voir avec la sophistication d'une coque de navire de guerre ... Il va aussi falloir discuter de la petite facture : en matière d'armement , le  " prix catalogue " (500millions d'euros dans le cas du Mistral) n'est qu'une base de discussion . Gageons que Moscou négociera avec ardeur.

Crainte des alliés Américains

Deuxième problème : les transferts de technologie . Selon nos informations , le Mistral sera bien livré par Paris avec l'ensemble de ses équipements électroniques de pointe. Capable d'accueillir un état- major de l'Otan , donc de conduire une opération interarmées , le Mistral est doté de moyens de communication abondants et puissants . D'un niveau très supérieur à ce que produit l'industrie militaire Russe . Mais les aspects les plus novateurs du Mistral concernent sont système de conduite et de contrôle aérien . Faire voler , se poser et décoller d'une plate- forme en mouvement des quantités d'hélicoptères dans une zone de combat nécessite de très gros moyens de calcul informatique , actuellement hors de portée de la Russie . Est -il vraiment raisonnable de les lui fournir ? Cela se discute . Nous avons abordé récemment cette question avec le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen . Il estimait alors : "Il est acquis que cet accord bilatéral ne se conçoit qu'en plein accord avec les réglements internationaux . De même , les Français seront attentifs aux questions soulevées par leurs alliés . " Sans doute ... Mais les alliés , justement , sont moins que chauds pour cette vente !

Pour ne parler que d'eux , les Américains voient d'un oeil torve cette première vente à la Russie d'un matériel militaire produit par un pays de l'Otan . Pour les raisons techniques déjà évoquées , mais surtout parce que des alliés des Etats-Unis dans la région , dont les pays Baltes et la Géorgie , craignent que la livraison de tels navires par la marine Russe ne lui facilite des opérations de débarquement et d'invasion . En visite à Paris le 7 février dernier , le secrétaire Américain à la défense , Robert Gates a évoqué un "échange de vues approfondi" avec Paris sur le sujet.

Traduction : la Maison -Blanche ne considérera pas cette vente comme un casus belli , mais Paris devra assumer toutes ses responsabilités.


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