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La Dissuasion Nucléaire

La Dissuasion Nucléaire et le développement de nouvelles armes nucléaires

La dissuasion nucléaire et le développement de nouvelles armes nucléaires

  Aucune raison ne nous force à considérer que toute discussion sur le nucléaire militaire est taboue. Il est pour le moins regrettable que, au cours de la campagne électorale, les candidats à la présidence n’aient pas approfondi le sujet. Force est de constater que cette question n’intéresse pas la commission défense de l’Assemblée nationale.

Pour s’en convaincre ; il suffit de lire les comptes rendus des présentations budgétaires du ministre à la commission ainsi que les questions des commissaires. La plupart du temps le nucléaire n’est même pas abordé. Et pourtant dans une démocratie comme la nôtre , toujours les dépenses publiques doivent être votées , et donc étudiées par les députés. Le silence concernant celles liées au nucléaire militaire est inexcusable.

 Au moment ou le gouvernement a le devoir de tenter de faire des économies budgétaires , on ne peut lui reprocher aussi d’en chercher aussi au ministère de la défense .Peut-alors comme le suggère Michel Rocard, supprimer totalement nos forces de dissuasion nucléaire ? Cela mérite réflexion. Dire que supprimer la dissuasion nucléaire reviendrait à perdre notre assurance-vie est très exagéré. Une affirmation ne vaut pas une démonstration. Les Allemands n’ont pas d’arme nucléaire, sont-ils vraiment plus en danger que nous.

Il est difficile d’envisager un cas où la survie de la France ne serait assurée que par son armement nucléaire. Nous ne sommes plus au temps de la guerre froide. A l’époque, il était possible il était possible d’imaginer des Soviètiques lancés à la conquête de l’Europe occidentale parce qu’ils se sentaient menacés de mort par l’intrusion du modèle occidental chez eux. Dans ce cas , ils auraient bien pu envisager l’emploi de leurs armes nucléaires si les combats avaient échoué.

 Dans ce contexte ,il était bon qu’un Etat du continent européen soit en mesure d’affirmer «  Si vous utilisez vos bombes atomiques contre mes forces ou mes villes, je me vengerai à la même hauteur ». L’horreur de la riposte et sa haute probabilité étaient alors dissuasives. Notre armement nucléaire était alors clairement utile. Et il était parfaitement logique de dépenser des sommes considérables  pour le développer.

 Aujourd’hui, personne n’a suggéré de cas concret où notre armement nucléaire pourrait encore sauver la France. Est-ce une raison pour s’en débarrasser ? Non ! Il peut servir grandement notre politique étrangère. Si un Etat ami de la France est menacé pae un voisin doté d »armes nucléaires , il peut être souhaitable de dire à ce voisin «  Si vous utilisez vos armes nucléaires contre mon allié, j’utiliserai les miennes contre vous »

Il ne s’agirait pas pour la France de commencer une guerre nucléaire, mais de dissuader une puissance dangereuse de le faire. Cette puissance mal intentionnée pouvant être trop proche des Américains pour que ceux-ci puissent tenir un tel langage.

 La possibilité pour la France de protéger ses amis menacés par une attaque ou un chantage nucléaire , constitue un atout international important. Si nous n’avions pas d’armes atomiques, si nous n’avions pas effectué des centaines d’essais nucléaires, il serait peut-être difficile de demander aux contribuables français de consentir de tels efforts pour autrui.

Mais ce n’est heureusement pas le cas. Il suffit de conserver ce que l’on a, ou tout au moins une partie significative des armes dont on dispose. Dans un monde où les armes nucléaires subsistent, il est évident qu’un pays qui en est doté est plus respecté qu’un autre qui ne le serait pas. Faut-il se ruiner pour autant ? Faut-il continuer à dépenser  pour la dissuasion nucléaire plus de 20% des crédits d’équipement de nos armées.

Ce qui était légitime quand il fallait construire en quelques années les trois composantes de nos forces nucléaires ne l’est pas aujourd’hui. Il n’existe plus aucun argument recevable.

Pourquoi développer sans cesse des armes toujours plus performantes ? On entend régulièrement l’argument  selon lequel « en matière nucléaire , si on ne progresse pas on recule, et si on recule on n’existe plus » Encore une nouvelle affirmation sans la moindre démonstration.

 Pour être crédible, faut-il pouvoir assurer  que nos armes ont été conçues , il y a moins de dix ans ? Une fiabilité à hauteur

 de 99% est-elle vraiment plus dissuasive qu’une arme dont la probabilité de succès  tombe à 97% ? Autre argument récurrent pour justifier le maintien des dépenses nucléaires ruineuses »Il faut préserver la compétence des équipes » Or, quand le général de Gaulle a lancé ses programmes nucléaires , il n’avait pas d’équipe. Il lui a suffit  de dix ans pour rendre les trois composantes opérationnelles.

 Développer sans cesse de nouvelles armes nucléaires coûte extrêmement cher, ne sert plus à grand-chose.De plus, il se trouve être contraire à l’esprit et à la lettre du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui prévoit que les Etats dotés de l’arme atomique doivent , de bonne foi, tendre vers la suppression de toutes les armes nucléaires de la planète.

Dans ces conditions et dans le contexte économique actuel , il serait souhaitable de faire cesser toutes les dépenses liées à la simulation d’armes nouvelles . Cela permettait d’économiser à peu près 750 millions par an. En  réfléchissant à d’autres économies  possibles (étalement du programme de missile M51, limitation des patrouilles de sous-marins en mer, diminution du nombre de Rafale nucléaire) on pourrait sans doute doubler  les économies réalisées. Pour le plus grand profit de nos armées.

 Si l’on sanctuarise les dépenses nucléaires , toutes les réductions budgétaires seront reportées sur les forces qui n’ont guère besoin de souffrir plus . Le rythme actuel des fermeture de casernes et de bases aériennes est suffisamment  spectaculaire.

 (article du général Coppel   Le Monde du 31 juillet 2012)




 

 

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