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Trois idées fausses sur 1918

Si la mémoire collective a longtemps retenu que l’armistice marque une rupture entre la guerre et la paix, l’historiographie des quinze dernières années insiste sur la notion de « sortie de guerre » pour montrer que les violences, militaires et civiles, se poursuivent jusqu’au milieu des années 1920. « La première mondiale ne se termine pas le 11 novembre 1918 : des unités de l’armée française d’Orient restent engagées en 1919, souligne l’historien Bruno Cabanes. D’autres conflits prennent bientôt ou ont déjà pris le relais. Entre 1917 et 1923, on ne recense pas moins de 27 conflits en Europe.

« Des guerres civiles éclatent comme en Russie (1917-1923), en Allemagne (1918-1919) ou en Irlande (1922-1923), où interviennent des anciens combattants de 14-18 avec des armes et des tactiques héritées du conflit mondial, indique Bruno Cabanes, Il y a également des conflits interétatiques  comme la guerre soviéto-polonaise (1919-1921) et la guerre gréco-turque (1919-1922). Sans compter les révoltes coloniales en Inde, en Egypte et en Chine liées aux promesses du wilsonisme (partisans du droit à l’autodétermination des peuples) et à la déception qu’apporte le traité de Versailles (traité de paix signé en 1919 entre l’Allemagne et les Alliés).

En mars 1918, l’armée allemande, sur le point de passer à l’offensive à l’ouest, pensait pouvoir gagner la guerre. « Pour les Allemands, la défaite neuf mois plus tard est inexplicable : après quatre ans de guerre, l’armée allemande occupe toujours une bonne partie de l’Europe, explique l’historien allemand Arndt Weinrich. La défaite militaire ne fait pourtant pas de doute : après avoir perdu 900000 hommes entre mars et juillet, l’armée à bout de souffle, est frappée par une « grève militaire larvée ». Un million de soldats traîne à l’arrière, refusant de remonter au front. »

L’état-major allemand demande alors l’armistice, avant d’accuser les révolutionnaires de novembre d’avoir balayé le régime impérial et précipiter la  défaite. Cette légende du « coup de poignard dans le dos » va gagner en crédibilité, tout comme l’idée que l’armée allemande reste invincible. « Non pas une légende, mais une panoplie de légendes va se propager, dont la plus extrémiste portée par la droite radicale, reprise ensuite par les nazis, selon laquelle le poignard a été planté dans le dos de l’armée victorieuse, précise Arndt Weinrich,.si aucune de ces légendes ne fait consensus, ces accusations, fausses, vont peser sur les épaules de la République de Weimar ».

L’annonce des clauses du traité de Versailles, le 28 juin 1919, provoque partout une immense déception. « Diktat » pour les Allemands, pas assez dur pour l’Action française, il sera accusé d’être responsable de la montée du nazisme et de la seconde guerre. « C’est le type d’idée fausse déterministe, précise Serge Berstein, auteur d’Ils ont fait la paix. C’est oublier qu’il y a des événements inattendus qui peuvent changer le cours de l’histoire.

Si la sortie de guerre   extrêmement troublée, la période entre 1924 et 1929 laisse entrevoir un espace de stabilité : il semble que les conflits puissent se régler, soit par la SDN  (Société des Nations, créée en 1920, au lendemain de la première guerre mondiale)-comme pour les « incidents » de Corfou ( crise diplomatique survenue en 1923 entre la Grèce et l’Italie) et Pétritch ( différend gréco-bulgare en 1925) – soit par les Etats entre eux – un effort est consenti à partir de 1924 pour diminuer les réparations allemandes. Ce qui relance les tensions en Europe, c’est la crise de 1929. Hitler va profiter de la crise pour raviver la colère que les Allemands avaient ressentie à l’annonce du traité de Versailles ».        

Article Le Monde du 3 novembre 2018

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