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Sortir des tergiversations européennes

Ce que l’on apprend au fil des jours et de l’enquête sur les itinéraires des terroristes impliqués dans les attentats parisiens du 13 novembre  qui ont causés la mort de 129 personnes , révèle une faille béante dans le dispositif de sécurité européen :la diffusion aux polices des Etats membres des informations sur les identités des passagers des transports aériens.

Pour les services de renseignement, l’organisateur présumé des attentats, Abdelhamid Abaaaoud, tué dans l’assaut policier à Saint-Denis, au nord de Paris, et qui était visé par un mandat d’arrêt international, se trouvait en Syrie. Le premier ministre, Manuel Valls, a reconnu ignorer comment ce suspect, de nationalité belge et marocaine, était entré en France. « Aucune information émanant de pays européens, suggérant qu’il ait pu arriver en Europe et cheminer jusqu’à la France »n’a été transmis à Paris a pour sa part assuré le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve.

Dans l’arsenal des outils du renseignement pour lutter contre les activités terroristes et la grande criminalité, il existe un instrument précieux : lePNR  (Passenger Name Record ou fichier des noms de passagers) . Censé collecter un certain nombre de données sur tout les passagers qui quittent l’espace Schengen, ou y entrent – identité, adresse, destination, mode de paiement etc – le PNR permettrait donc de surveiller les allées et venues  par avion des djihadistes européens qui partent ou reviennent de Syrie, transitant souvent par la Turquie, trou noir de la coopération antiterroriste.

 Ce procédé est utilisé avec succès par les Etats-Unis, avec la coopération des Etats européens, depuis le 11 septembre. En revanche, au sein de l’Union elle-même, le PNR est bloqué depuis 2011, sous le poids conjugué de la bureaucratie bruxelloise, des réticences de certains Etats membres, en particulier l’Allemagne, et de l’opposition du Parlement européen, gardien sourcilleux de la protection des données personnelles. Depuis le début de l’affaire Snowden et la révélation de la surveillance électronique de masse pratiquée par les Etats-Unis, l’Assemblée de Strasbourg a érigé le PNR en symbole des atteintes à la vie privée et rejeté un premier texte en 2013.

Les attentats de janvier à Paris ont commencé à faire évoluer les mentalités. Dans la foulée, la commission des libertés du Parlement européen a approuvé à une courte majorité le principe de la collecte de renseignements. Le Parlement continue toutefois de s’opposer à ce que le projet s’applique aux vols intra-européens ou aux vols charters et fixe d’autres limites, notamment sur la durée de conservation de ces renseignements. Frustrés par ces blocages, une quinzaine d’Etats membres de l’UE ont constitué, ou sont en train de le faire, leur propre PNR, mais sans pouvoir coordonner leurs fichiers.

Pour la première fois depuis les attentats du 13 novembre, les 28 ministres européens de l’intérieur et de la justice devaient ce réunir à Bruxelles, afin de » renforcer la défense européenne » à la menace djihadiste. Cette réunion est tardive, mais indispensable. Il est impératif que le Conseil  européen parvienne enfin à imposer les mesures de coopération que Paris réclame depuis longtemps  et dont les réticences de plusieurs pays ont freiné l’adoption. Le prix de ces tergiversations comme les parisiens viennent d’en faire l’expérience, est tragiquement élevé.

 (article du MONDE du 21 novembre 2015)

 

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