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Les Polonais en France en 1914-1918

Le déclenchement de la Grande Guerre fait naître l’espoir, dans l’émigration polonaise en France, d’une renaissance de la Mère-patrie, alors écartelée, fondue dans les empires allemand, autrichien et russe. Ces Polonais émigrés sont en majorité ouvriers des mines du nord de la France, réunis en société de gymnastique du Faucon (Sokol). A Paris résident des intellectuels, des commerçants.

Dès la première semaine d’août 1914, dans la capitale, le comité des volontaires polonais, créé pour la circonstance, reçoit des centaines de compatriotes enthousiastes qui s’engagent à la Légion étrangère. Cet afflux de volontaires génère deux contingents, envoyés l’un à Bayonne, l’autre à Paris à la caserne Reuilly (12ème), où les Polonais reçoivent une instruction militaire, sont équipés et armés. Ceux d’origine prussienne ou autrichienne ont changé leur identité , remplacée par un nom français, afin d’éviter la condamnation à mort en cas de capture par l’ennemi qui les considérait comme déserteurs repris ou comme renégats.

Au printemps de 1915, les volontaires polonais, devenus légionnaires montent au front. Ils forment essentiellement la 3ème compagnie du 3ème bataillon du 2ème régiment de marche du 1er Etranger . D’autres font partie du 3ème bataillon du 3ème régiment de marche du 1er Etranger. Ces unités sont engagées en Champagne et en Picardie, puis en Artois.

 Dans la Marne est tué le porte-drapeau de la compagnie polonaise du 2ème de marche, la soldat W.Szuyski , ingénieur dans le civil. Ce soldatd’une cinquantaine d’années est cité à l’ordre de la 5ème armée comme « patriote polonais tombé au champ d’honneur dans la lutte contre les Allemands, sous l’étendard de la Pologne ressuscitée ». Il portait le drapeau rouge à l’Aigle blanc offert par les habitants de Bayonne.

La Légion est jetée dans l’offensive d’Artois du 9mai 1915  qui se prolonge jusqu’en juin. Lors de la bataille d’Arras, dans le cadre de l’attaque menée par la Division marocaine, le 1er Etranger lutte dans le  secteur de Neuville-Saint-Vaast pour s’emparer des positions allemandes : les lourdes pertes provoquent la fonte des effectifs de la compagnie.

Longtemps, les patriotes polonais, notamment Gasiorowski et Mickiewicz, multiplient les démarches auprès des autorités françaises pou rue reconnaissance de la spécificité de leur pays. Mais, alliée de la Russie, la France ne peut s’immiscer dans une affaire intérieure russe en favorisant une future Pologne indépendante une fois la guerre finie. Or, à la fin de 1916, les gouvernements allemand et autrichien annoncent la restauration, à leur profit, d’un état polonais. La chute du tsarisme achève de modifier la situation et, par décret présidentiel du 4 juin 1917, une armée polonaise est créée en France.

Il est prévu que cette armée entretenue par la France, soit autonome, avec ses cadres et ses drapeaux , ses propres insignes sur casques, uniformes, etc., mais subordonnée au commandement français. Afin d e réunir les effectifs nécessaires, une mission franco-polonaise, dirigée par le général Archinard assisté du général Capdepont, est mise sur pied au ministère de la Guerre.

Tous les Polonais , civils ou militaires, de l’étranger ou de France, peuvent s’engager. La commission de recrutement s’adresse aussi aux prisonniers en France , soldats de l’armée impériale allemande originaires des provinces de Silésie et de Posnanie, qui peuvent s’engager sous un nom d’emprunt.

Le 17 janvier 1918, le 1er régiment de chasseurs polonais (R.C.P) est créé : 1er et 2ème bataillon à Mayenne, 3ème et état-major à Laval.  

Les troupes comprennent de nombreux volontaires venus d’Amérique ( à la suite de la mission de Gasiorowski aux Etats-Unis, le gouvernement américain a autorisé le 6 octobre 1917, le recrutement de volontaires) et 1 500 ex-prisonniers de guerre allemands. Les cadres sont hétérogènes : sur 72 officiers de cette unité, il y a 20 polonais de la Légion étrangère, 4 de l’armée russe, 46 de l’armée américaine et 2 de l’armée allemande. Les sous-officiers sont à 60 % américains et le reste est allemand. Mais tous sont animés d’un ardent patriotisme polonais.

Le 27 février, le 1er R.C.P s’installe au camp de Mailly (Aube) pour une instruction poussée. Il est passé en revue, le 13 mai, par le général Franchet d’Espérey qui félicite le chef de corps, le colonel Jasinski, pour la belle tenue de son unité. Intégré à la 4ème armée, le régiment est affecté à la 163ème D.I par le général Gouraud, en Champagne, dans le secteur Prunay-Prosnes, et vers Saint-Hilaire- le- Grand où la lutte est intense ; il s’y bat sans arrêt jusqu’en août.

Le 22 juin, le Président de la République et le ministre des affaires étrangères sont au camp de Mailly, avec le président Domwski et les membres du conseil national polonais. Le président Poincarré remet alors solennellement leurs drapeaux nationaux aux unités polonaises, offerts par les villes de Paris, Nancy, Belfort , Verdun.

Avec l’afflux de volontaires , il est créé, le 4 août, la 1ère division d’infanterie (1ère D.I), commandée par le général français Vidalon  et formée d’éléments polonais : 1er, 2ème, 3ème régiments de chasseurs , un escadron de chevau-légers, une compagnie du génie, avec le soutien de l’artillerie française (75 mm du 1er régiment d’artillerie de campagne et 155 mm du 113ème régiment d’artillerie lourde).

Une 2ème D.I est mise sur pied. Avec la 1ère, elle forme l’armée polonaise en France (430 officiers et 17 000 hommes). Le général Haller est nommé à sa tête , le 4 octobre 1918, par le Comité national.

Après la Champagne, la 1ère D.I occupe à mi-septembre  1918 un secteur dans les Vosges , puis, le 5 novembre, elle est en ligne en Lorraine, dans l’offensive préparée contre Metz qui ne se déclenche pas , l’armistice étant signée le 11 novembre.

Ce même jour , l’indépendance de la Pologne est proclamée. Le16, le maréchal Pilsudski, chef du nouvel Etat er commandant en chef des armées, adresse une dépêche au maréchal Foch afin de lui demander le rapatriement de l’armée Haller , forte alors de 1 240 officiers  et 68 000 soldats, 18 avions, 120 tanks. C’est en avril 1919 que les premiers contingents arrivent dans leur patrie, fêtés par une population en liesse.

Le 28 juin, le traité de Versailles attribue à la Pologne des parties de la Prusse , les régions de Cracovie et de Lwow, ainsi qu’un accès à la mer.En 1920-1921, lors des guerres russo-polonaises, de nombreux militaires français (cadres, techniciens) aideront les forces polonaises à gagner la campagne contre l’Armée rouge.

 

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