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L’OTAN face à Moscou

Plus d’hommes, plus de moyens mais moins d’efficacité tactique : face a une éventuelle attaque déclenchée par la Russie, l’OTAN aurait des difficultés à riposter, malgré sa supériorité numérique apparente. Il convient donc de réformer son fonctionnement et sa structure de commandement . Ce à quoi les ministres de la défense de l’Alliance atlantique, réunis mercredi 8 et jeudi 9 à Bruxelles, ont commencé à s’atteler.

Retour à la guerre froide ? Pas vraiment , assurent les dirigeants de l’organisation. Ils évoquent plutôt une « redynamisation » , une « relance ».Jens Stoltenberg, le secrétaire général , parle d’une »adaptation au XXIème siècle et à un environnement changeant ».

C’est l’annexion de la Crimée et le déclenchement dans la foulée d’une guerre dans l’est de l’Ukraine, en 2014, qui ont provoqué cette prise de conscience. L’épisode a totalement surpris les vingt-huit alliés- rejoints depuis par le Monténégro- : ils ne croyaient pas à un déploiement aussi rapide des forces russe et avaient mésestimé leur effort de modernisation, commencé en 2008.

Avant de lancer les réformes, il fallait identifier les lacunes. Et elles sont nombreuses, à en croire un rapport »secret » qui a fuité dans la presse allemande le 20 octobre. Pas un hasard sans doute : Berlin figure parmi les capitales les plus favorables au renforcement d’une structure de commandement qui a fondu depuis la chute du Mur. Elle comptait 23 000 soldats dans les années 1980, pour 6 800 aujourd’hui au sein des quartiers généraux militaires de Mons, en Belgique, et de Brunssum, aux Pays-Bas.

Ce « Rapport de progrès sur la dissuasion renforcée et la posture de défense de l’Alliance », rédigé par des conseillers stratégiques , est jugé déterminant. Et sa divulgation a visé à accentuer la pression sur certains pays membres, qui espéraient encore tergiverser face à un projet d’augmentation des effectifs et des budgets. La France adopte, dans ce débat, une position médiane : oui à une adaptation, mais »lucide » et « tenable ».

A la fin de la guerre froide, l’OTAN comptait 33 commandements. Il en subsiste sept aujourd’hui , résultat d’une opération radicale d’amaigrissement , inspirée par l’idée qu’il fallait toucher les « dividendes de la «  avec l’écroulement du bloc soviétique, et privilégier  de nouveaux domaines d’action  pour l’Alliance. A savoir les opérations menées hors de son rayon d’action traditionnel   (Kosovo, Afghanistan, Libye…) ou de » renforcement des capacités » de pays tiers (essentiellement des missions de formation).

La guerre non déclarée menée par la Russie en Ukraine a changé la donne, induisant un retour aux fonctions premières de l’organisation : la défense collective de ses membres et la dissuasion. Sur l’insistance de la Pologne et de pays baltes, une « présence renforcée » a été assurée aux frontières orientales, avec le déploiement de groupes de combat comptant chacun un millier de soldats.

Les auteurs du rapport dévoilé récemment pointent, en cas de conflit majeur , un nombre insuffisant d’officiers d’état-major,d’importantes lacunes dans le domaine logistique ( le manque de trains capables d’acheminer rapidement du matériel, des routes et ponts permettant le passage de chars de combat, etc…)ou des lenteurs bureaucratiques qui retarderaient un déploiement. Le document évoque notamment la récente mésaventure d’un escadron américain qui a dû patienter près de  deux heures à la frontière entre la Roumanie et la Bulgarie (deux pays membres) pour valider ses passeports et son armement.

La modernisation envisagée par les ministres devrait dès lors privilégier une série de pistes pratiques , dont un « Schengen militaire », mis au point avec l’Union européenne . Il devrait faciliter l’acheminement des troupes et du matériel.

Les commandements devraient, quant à eux, être renforcés et deux nouvelles structures crées L’une dite « arrière » chargée spécifiquement des problèmes de mobilité et de logistique pour accroître la capacité de réaction. Actuellement, même la Force de réaction rapide (NRF), une unité multinationale constituée en 2004, ne serait pas totalement préservée des lenteurs. L’autre nouveau commandement viserait à assurer la sécurité , la bonne communication et l’efficacité  de la chaîne d’approvisionnement dans l’Atlantique, entre l’Europe et les Etats-Unis. Une zone jugée «  essentielle » ,où l’activité maritime russe est très importante. 

Dernière priorité affichée par M.Stoltenberg : la cybersécurité. Le cyberespace est désormais élevé au rang de domaine d’activité de l’OTAN au même titre que le terrestre, le maritime et l’aérien. Il ne s’agit pas de doter l’organisation de capacités offensives , mais d’intégrer les capacités des principales puissances ( Etats-Unis, Royaume-Uni, France) dans les missions de l’Alliance.

 Article de Jean-Pierre STROOBANTS dans Le Monde du samedi 11 novembre 2017.

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