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Discours 11 novembre 2015 par Mr Hubert BOULET

 

LYON 11 Novembre 2015

Cérémonies commémoratives de l’Armistice du 11 novembre 1918

Message du Comité Départemental de Liaison

des Associations d’Anciens Combattants du Rhône

 

  • Monsieur Michel Delpuech, Préfet de la Région Rhône-Alpes, Préfet du Rhône
  • Mesdames et Messieurs les Parlementaires
  • Monsieur Gérard Collomb, Sénateur-Maire de Lyon
  • Monsieur Yann Crombecque, représentant Monsieur le Président du Conseil régional de Rhône-Alpes
  • Monsieur  le Général de Corps d’Armée Pierre Chavancy, Gouverneur Militaire de Lyon, Commandant la zone de défense Terre Sud-Est
  • Monsieur le Général de Corps aérien Jean-Jacques Borel, Commandant la Défense aérienne
  • Monsieur le Général de Corps d’Armée Christian Dupouy, Commandant la Région de Gendarmerie Rhône-Alpes
  • Mesdames et Messieurs les Dignitaires des Grands Ordres Nationaux
  • Mesdames et Messieurs les Elus
  • Mesdames et Messieurs les Membres des Corps constitués
  • Mesdames et Messieurs les Représentants des Cultes
  • Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Consulaire de Lyon
  • Monsieur Jean Ricci, Président du Comité de Liaison des Associations d’Anciens Combattants du Rhône
  • Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations d’Anciens Combattants, Résistants et Déportés
  • Mesdames et Messieurs les Jeunes du Service Civique
  • Mesdames et Messieurs

 

 

Lorsque la guerre éclate en 1914, tous les belligérants pensent qu’elle sera courte. L’année 1915 révèle à tous que la guerre sera longue : les armées s’enterrent dans des lignes de tranchées qui redessinent les paysages ; des offensives meurtrières se succèdent sans qu’aucune issue ne puisse être envisagée à court terme ; la guerre prend une dimension mondiale et devient peu à peu  une guerre que Georges Clemenceau qualifie « d’intégrale » et qui aujourd’hui est qualifiée de « totale » ; sur le champ de bataille, la violence de guerre s’intensifie avec l’apparition d’armes aussi redoutables que les gaz de combat multipliant le nombre de victimes et laissant des séquelles irrémédiables à ceux qui en survivent.

Cette violence de masse vise aussi les populations civiles : l’Empire ottoman, allié de l’Empire allemand, se livre au génocide du peuple arménien faisant un million et demi de victimes. Le 7 mai 1915, le paquebot transatlantique britannique Lusitania est coulé par la marine allemande, ce qui suscite une grande émotion de part et d’autre de l’Atlantique. Les populations civiles ont aussi à souffrir de la faim qui est utilisée comme une arme à leur encontre.

Mais cette guerre qui dure ne se limite pas aux champs de bataille, au « front » ; elle dépend aussi de « l’autre front », c'est-à-dire de l’arrière, donc des civils.

Dans cette mobilisation de l’arrière, les femmes jouent un rôle majeur dans les villes  comme dans les campagnes. Aujourd’hui, le Comité Départemental de Liaison des Associations d’Anciens combattants du Rhône a choisi de les associer à l’hommage qui est rendu aux soldats de 1914-1918.

Le départ des hommes vers le front laisse les femmes seules pour assurer la subsistance du foyer et l’éducation des enfants. La loi du 3 juin 1915 transfère aux épouses de soldats mobilisés la puissance paternelle pour la durée du conflit.

Dans les campagnes, les femmes d’agriculteurs vont devoir assurer souvent seules la poursuite de l’activité agricole. Dès le début de la guerre, le 7 août 1914, René Viviani, président du Conseil, lance un appel aux paysannes :

« Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie.

Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. »

 

Les femmes vont remplir cette tâche avec conscience et efficacité. Les autorités publiques, la  presse de l’époque ne manquent pas de souligner le mérite des paysannes, voire leur héroïsme.

 

Pour répondre aux besoins croissants de l’armée, les industries d’armement doivent accélérer leur production et font largement appel à la main d’œuvre féminine. Globalement, la part des femmes dans les industries métallurgiques passe de 5% à 25 % du nombre des travailleurs. C’est dans la fabrication d’obus que la part des femmes augmente le plus ; on compte ainsi 400 000 « munitionnettes » qui font un travail pénible et épuisant. A Lyon, cette main d’œuvre essentiellement féminine produit 20 000 obus par jour à la Halle Tony Garnier et 6 000 obus par jour aux usines Berliet qui produisent aussi les camions CBA utilisés sur la « Voie Sacrée » pour ravitailler Verdun en 1916.

Les femmes ont joué un rôle primordial dans les services de santé qui à partir du 1er juillet 1915 et jusqu’en 1920 sont placés sous l’autorité de  Justin Godart, député du Rhône, devenu Sous-secrétaire d’Etat du Service de Santé au Ministère de la guerre. Aux infirmières civiles et militaires en exercice, s’ajoutent des dizaines de milliers de volontaires portant à 110 000 le nombre  total d’infirmières et auxiliaires, dont 70 000 volontaires de la Croix-Rouge ; l’opinion publique les qualifie d’« anges blancs ». Plus de 200 infirmières de la Croix-Rouge sont mortes à la guerre et plus de 3000 ont été décorées après la guerre. A Lyon, elles sont plus de dix mille à travailler dans les hôpitaux ; de nombreux hôpitaux complémentaires sont ouverts dans des lieux très divers comme le lycée de jeunes filles de la place Edgar Quinet, aujourd’hui lycée Edouard Herriot, qui accueille 430 lits, tandis que le lycée du Parc tout juste achevé en accueille 830.

A leur façon, les « marraines de guerre » ont apporté une réelle contribution à l’effort de guerre. L’idée a été lancée dès 1914 par la presse et des associations pour conforter l’esprit de l’ « Union sacrée ». Des femmes acceptent d’écrire aux soldats qui le demandent, 70 000 soldats environ en bénéficient. Les courriers des soldats témoignent de la chaleur qu’ont pu leur apporter la lecture des lettres de leurs « marraines » ou la réception de leurs colis. Lyon ne peut pas oublier Clotilde Bizolon, restée dans la mémoire collective la « Maman des Poilus » : veuve, dès le début de la guerre, elle installe dans le hall de la gare de Perrache un comptoir pour ravitailler gratuitement les soldats en transit. En 1915, pour honorer la promesse faite à son fils unique tué au combat, elle pérennise son œuvre ; Edouard Herriot lui fait construire un abri installé devant la gare de Perrache qui devient jusqu’à la fin de la guerre « le Déjeuner gratuit du Soldat, chez la Mère Bizolon ».

Il est difficile de dire avec exhaustivité le rôle qu’ont eu les femmes dans la Première Guerre mondiale, rôle aussi efficace que discret. Ont-elles eu la reconnaissance qu’elles méritaient ? Sans doute, non. L’évocation de leur courage et de leur abnégation ne répare pas l’ingratitude qu’elles ont affrontée sur le moment et encore après. Ont-elles gagné les droits qu’elles n’avaient pas ? Pas tout de suite dans notre pays. Le droit de vote leur est refusé en France jusqu’en 1944.

Sans doute, pendant cette guerre, les femmes ont connu une autre façon de vivre, une certaine autonomie à laquelle elles se sont habituées. Les modes vestimentaires de l’après-guerre et la littérature du moment qui évoque « la garçonne » révèlent un réel changement dont il faut relativiser l’ampleur.

La guerre laisse 600 000 veuves et de nombreux soldats reviennent blessés, parfois mutilés, toujours traumatisés ; ces souffrances ne sont pas toutes prises en compte à cette époque, et le plus souvent, les femmes devront les assumer toutes seules, ce qui génère d’autres souffrances.

Les femmes, qualifiées parfois de « combattantes de l’arrière », n’ont pas été associées à la célébration de la victoire à la fin de la guerre. Ainsi, lors du transfert des cendres du soldat inconnu à l’Arc de triomphe le 11 novembre 1920, une seule veuve est symboliquement admise pour l’arrivée du cercueil ; et dès 1921, la cérémonie militaire est réservée aux hommes.

Parlant des femmes dans la Première Guerre mondiale, Elisabeth Badinter a dit : « Sans elles, le pays serait mort ».

Aujourd’hui, unissons dans le même hommage les soldats de la Première Guerre mondiale et les femmes qui ont participé à cette guerre avec le même courage et la même abnégation ; associons dans cet hommage le souvenir de tous ceux et de toutes celles qui comme eux et comme elles sont morts pour la France, hier et encore aujourd’hui. Ils et elles  ont tous et toutes combattu pour notre indépendance et notre liberté.

 

 

 

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