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Armes futuristes

La Chine a annoncé avoir testé avec succès, le 3 août 2018, le lancement d’un engin hypersonique. Possiblement muni d’armes nucléaires, ce type d’appareil est, en raison de sa vitesse, capable d’échapper aux systèmes de défense antimissiles actuels. Lancé par une fusée, le véhicule, baptisé Starry Sky 2 (ciel étoilé), s’est séparé de celle-ci et a volé plus de 400 secondes à une vitesse comprise entre Mach 5,5 et Mach 6, soit entre 6 732 et 7 344 km/h, a déclaré la Société de sciences et technologies aérospatiales de Chine, qui évoque un « énorme succès ».                                                                              

Ce test, effectué dans le nord-ouest du pays, à une altitude de 30 km, est la première confirmation officielle  de l’intérêt que porte la Chine aux armes hypersoniques de type waveride,des engins futuristes dont le fuselage est conçu pour générer une portance qui leur permet de surfer sur l’onde de choc causée par leur propre vol.

En mars, la Chine avait annoncé qu’elle était en train de construire une soufflerie destinée à (concevoir des avions et des missiles pouvant voler à plus de 12 000 km/h. La future installation , construite par l’Académie chinoise des sciences  (CAS) devrait  permettre de «  simuler des vols à des vitesses comprises entre Mach 10 (12 250 km/h) et Mach 25 (30 600 km/h) » soit 25 fois la vitesse du son , avait expliqué un chercheur ,Han Guilai, cité par la télévision publique CCTV.

C’est également en mars, une semaine avant l’élection présidentielle en Russie, que le ministère de la défense russe avait annoncé avoir procédé au tir d’un missile hypersonique lancé à partir d’un chasseur Mig-31.Vladimir Poutine avait qualifié cette arme d’ »invincible ». En mai, le président russe avait  indiqué que Moscou avait déjà commencé la production industrielle d’un système de missiles hypersoniques  et qu’il prévoyait de « le livrer aux forces armées en 2019 ». 

« C’est un système de missile intercontinental mais pas balistique. C’est l’arme absolue (….)Il vole à Mach 20, vingt fois la vitesse du son. Je ne pense pas qu’un seul pays disposera d’une telle arme dans les années qui viennent. Nous l’avons déjà «  a-t-il ajouté lors d’un entretien à la télévision. Une fois lancés, les missiles hypersoniques sont davantage pilotables que les missiles balistiques et donc plus difficiles à intercepter

De leur côté , les Américains affirment être « à la traîne ». »Le développement des armes hypersoniques de la Chine nous a dépassés »,a reconnu, au printemps, devant le Congrès, l’amiral Harry Harris, chef du commandement militaire américain pour le Pacifique. Le Pentagone a d’ailleurs confié, en avril, à Lockheed Martin un contrat pouvant aller jusqu’à 928 millions de dollars (jusqu’ à 812 millions d’euros) pour la conception  et le développement d’un missile air-sol hypersonique. Michael Griffin, responsable de la recherche et du développement au Pentagone, a alors indiqué que les missiles hypersoniques constituaient la priorité de la défense américaine.

Dans un rapport de 2017 consacré aux »chocs futurs », Louis Gautier, alors secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale française, a estimé que les armements hypersoniques marqueraient une « rupture » en raison de leur vitesse, qui « disqualifie les capacités actuelles d’interception des défenses adverses »,de leur »capacité de frappe extrêmement réactive à des portées très supérieures à celle des systèmes actuels » et de la » menace instantanée de frappe conventionnelle voire nucléaire » qu’ils peuvent faire peser » à tout moment et toute distance ».

 Pour lui, « il fait peu de doute que des armements hypersoniques figureront  dans les arsenaux de plusieurs puissances » à l’horizon 2030. Et de rappeler que la France « envisage d’en disposer » à partir de 2035 pour la composante aéroportée de sa force de dissuasion.

Favorisés par les antagonismes stratégiques croissants entre les grandes puissances, les armements hypersoniques peuvent, selon M.Gautier (membre du conseil de surveillance du Monde), être utilisés dans trois cas : au sein de la dissuasion nucléaire, en tant que frappes stratégiques conventionnelles ou comme « déni d’accès et d’interdiction de zone »,pour pénétrer une zone réputée interdite ou au contraire repousser au loin les moyens offensifs adverses.

Selon M.Gautier, » la France, la Russie et la Chine semblent désigner la dissuasion nucléaire comme mission privilégiée pour des armements hypersoniques », mais la Chine pourrait aussi, grâce à ce type de missiles, être en mesure de contrôler « la plupart  de lignes de communication maritimes en Asie et de menacer notamment  la base américaine du Pacifique  à Guam » .

Article de Frédéric Lemaitre dans le Monde du 13 août 2018                   

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