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Allocution du 3 septembre 2018 par Mr Roger GAY

 

Le dimanche 3 septembre 1944 sous un soleil radieux, une foule en liesse déferle dans les rues de la ville.

Des drapeaux français et alliés apparaissent aux fenêtres et aux balcons.

Les Lyonnais qui, nombreux dans le secret de leur cœur soutenaient la Résistance, sont sortis pour acclamer les vainqueurs et fêter leur libération, laissant éclater leur joie après ces années d’oppression.

C’est la victoire de la Liberté retrouvée.

On embrasse les soldats de la première DFL, du général Brosset, ceux de la 36e division d’infanterie US, et surtout ces Résistants, ces combattants de l’ombre : les FFI, les FTP qui ont convergé depuis tous les maquis de la région pour libérer Lyon.

Le cauchemar est fini, la démocratie et les droits de l’homme sont de retour.

Nos trois couleurs républicaines flottent à nouveau sur la préfecture et l’Hôtel de Ville

Symbole de cette liberté reconquise, dès le 3 au soir, est publié le premier journal libre « Lyon Libéré »

Entre les chants patriotiques la radio diffuse les discours du maire provisoire Justin Godart, et d’Alban Vistel président du Comité de Libération. 

Celui du commissaire de la République Yves Farge proclame :

« Le président de Gaulle a groupé autour de lui des hommes qui ont travaillé pour restaurer la loi républicaine.

Derrière le Commissaire de la République, dépositaire des pouvoirs du gouvernement dans cette région, vous allez forger dans la liberté, les disciplines sur lesquelles reposera la France de demain.

Avec le Conseil National de la Résistance et vos Comités de Libération, expression de la France combattante, vous allez aider la Nation à retrouver son équilibre en bâtissant une République pure et dure. 

Et il conclut par cet appel :

« Aidez-nous, en maintenant l’ordre républicain, à démontrer que les habitants de cette région, qui ont été à l’avant-garde du peuple français dans la lutte pour la Libération, entendent devenir les pionniers de la Reconstruction française. »

Dans cette dernière période, Allemands et miliciens arrêtent massivement, raflent, torturent, exécutent. Ils ouvrent le feu indifféremment tant sur des passants innocents que sur les Résistants.

Les massacres de prisonniers extraits de la prison Montluc « sans bagages » ensanglantent les faubourgs et les campagnes environnantes comme en témoignent les nombreux sites et monuments jalonnant nos villes et nos villages.

Nous pensons à Bellecour, Saint Genis -Laval, Bron, Saint Didier-de- Formans, Communay et à tous ces multiples lieux où a coulé le sang de tous ces martyrs

La gestapo de Klaus Barbie semble résolue à exterminer tous les détenus des prisons lyonnaises.

  Le long chemin pour gagner cette Libération, voit en ces dernières heures tomber les derniers morts de la Résistance.

  Et comme le dit Alban Vistel :

« Tant de compagnons ne sont plus là, tant de héros sont morts assassinés dans les tortures, mais tous avec la même âme inviolée qui montait vers les lèvres à l’ultime instant ».

Jusqu’au bout et durant les ultimes semaines de l’occupation, les Résistants dans l’ensemble de la région lyonnaise ont accéléré le rythme des actions  et des combats contre les forces d’occupation et de répression… ainsi que contre les collaborateurs et  les délateurs, préparant cette épuration nécessaire que doivent organiser les nouvelles autorités républicaines et comme le déclare Yves Farge :

« …d’agir de telle sorte que l’Histoire puisse enregistrer que le Droit et la Justice ont été, à cette heure de la délivrance, inséparables de la Liberté »

Depuis 74 années, les Résistants relayés aujourd‘hui par celles et ceux qui sont porteurs de la fidélité à cet idéal, se sont attachés à ce que ces combats pour les valeurs portés par ces femmes et hommes remarquables, ne soient pas oubliés ou dénaturés.

Mais « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde », ces paroles de Berthold Brecht, sont là pour nous rappeler que mémoire et histoire sont encore aujourd’hui au cœur de l’enjeu démocratique.

Il n’est, hélas, guère besoin de longue démonstration pour faire le constat de la montée du racisme et de la xénophobie dans notre société où l’on assiste à des discours et des manifestations d’hostilité et même de violence visant les hommes, les femmes, les enfants fuyant la répression, la guerre, la famine.

Sans oublier ces actes antisémites inspirés par un discours djihadiste qui se traduit également par des actes de terrorisme meurtrier.

Il est de notre responsabilité comme de celle des pouvoirs publics d’être vigilant à l’égard de tous ces phénomènes négatifs que la crise économique, sociale, politique et des valeurs, jointe à la dangerosité de la situation internationale, risque d’amplifier.

N’y a-t-il pas là un terreau qui n’est pas sans rappeler, sans pour autant faire des raccourcis historiques excessifs, la situation dangereuse qui amena la catastrophe de la fin des années 1930.

Soyons lanceur d’alerte et en premier lieu pour transmettre aux jeunes générations la connaissance et les enseignements de l’histoire.

Le Concours National de la Résistance et de la Déportation qui connaît dans notre département une participation intéressante de Lycéens et de Collégiens, est un outil important.

Le thème de cette année était évocateur « S’engager pour libérer la France » et nous ne doutons pas que le sujet choisi pour la prochaine édition « Répression et Déportation en France et en Europe :1939-1945 » sera l’occasion de rappeler et d’expliquer ce que furent dans toutes leurs dimensions, la répression et les déportations générées par les idéologies des régimes nazis et fascistes.

C‘est pour cela que nous voulons, en commémorant un événement comme la Libération, être les porteurs de la mémoire des combats et des valeurs de la Résistance, mémoire que nous voulons transmettre aujourd’hui comme demain.

Je vous propose donc de méditer cette pensée de Paul Valéry :

                                                                       « La mémoire est l’avenir du passé »

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