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Allocution de Roger GAY ( Pdt ANACR) -03-09-2017

Cinq jours après Marseille, grâce aux intenses combats menés par les forces de la Résistance tout au long de la Vallée du Rhône, facilitant l'avance rapide des troupes alliées,le 3 septembre 1944 Lyon était libéré.

Durant les ultimes semaines de l'occupation, les Résistants dans l'ensemble de la région lyonnaise avaient accéléré le rythme de leurs actions contre les forces d'occupation et de répression., ainsi que les collaborateurs et les délateurs.

Durant cette période, Allemands et miliciens arrêtent massivement, raflent, torturent, exécutent. Ils ouvrent le feu indifféremment tant sur des passants innocents que sur les Résistants.

Les massacres de prisonniers extraits de la prison Montluc « sans bagages » ensanglantent les faubourgs et les campagnes environnantes comme en témoignent les nombreux sites et monuments qui jalonnent les villes et villages. La gestapo de Klaus Barbie semble résolue à exterminer tous les détenus de prisons lyonnaises.

Mais tout va changer le 1er et le 2 septembre.

Contrairement à ce qui s'est passé à Villeurbanne le 24 août où une insurrection populaire affronte l'occupant, Lyon n'a pas eu cette insurrection qu'espéraient pourtant nombre de Résistants.

Sans doute l'arrestation quelques jours auparavant de l'Etat-major FFI-FTP dans un immeuble du quai Saint Clair ou l'anéantissement du Service Régional de Renseignements, et la. menace d'exécutions massives d'otages, n'ont certainement pas été étrangères au choix d'éviter une insurrection. Par contre Alban Vistel décide de l'encerclement de Lyon et fait converger sur la ville toutes les unités des FFI disponibles.

Ces forces venaient de Bourgoin, de l'Ain, celles du Colonel Descours du sud, du commandant Mary du nord, et celles des maquis du Beaujolais et de la Vallée de l'Azergues.

Le 1er septembre le colonel Alban-Vistel lance un ordre pour resserrer le siège de Lyon et conquérir un certain nombre de communes ou quartiers périphériques.

Les pénétrations se feront par Caluire, la Croix-Rousse, mais aussi par Vaise, Tassin, Sainte Foy.

La décision d'attaquer Lyon sera prise pour le 3 septembre au petit matin avec l'appui de la première Division Française Libre du Général Brosset.

Le drapeau tricolore flottait déjà depuis la veille au soir sur la Préfecture où s'était installé «Grégoire »Yves Farge Nouveau Commissaire de la République. Ensuite dans la nuit les combattants de la Résistance s'emparent de l'Hôtel de Ville.

Ils y sont rejoints le 3 au matin par les forces commandées par Diego Brosset.

Ce 3 septembre le soleil baigne le ciel d'une ville enfin libre où va pouvoir se développer la liesse populaire.

Mais cette joie n'estompait pas la mémoire de celles et ceux qui ne virent pas ces jours heureux parce que tombés aux combats, fusillés, massacrés,, morts en déportation mais qui étaient bien présents dans les pensées des lyonnaises et lyonnais débarrassés du joug oppresseur.

La fête devenait ainsi mémoire et hommage à celles et ceux qui furent acteurs des pages de ces héroïques combats pour l'indépendance de notre pays, pour la Liberté..

La Libération était enfin là, le cauchemar de la terreur était terminé.

La volonté de poursuivre le combat pour abattre définitivement la bête immonde du nazisme conduira à la victoire des peuples le 8 mai 1945  où grâce à la Résistance et au Combattants de la France Libre, notre drapeau tricolore put figurer à égalité aux cotés de ceux de nos alliés des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de l'Union Soviétique.

Et après ce 8 mai 1945 se sera aussi le retour des absents de la fête au moment de la Libération, les déportés rescapés des camps et bagnes nazis.

Mais pour les Lyonnais, après ce 3 septembre 1944, la vie reprenait. Et s'il fallait arrêter et châtier ceux qui s'étaient fourvoyés dans la collaboration, il fallait aussi permettre au Peuple de reprendre ses droits. .Cela nécessitait la réorganisation des services publics .entre autres pour la sécurité, ou le ravitaillement. Cela passait aussi par la remise en place des instances de gestion de la Ville et notamment la Municipalité

Un Conseil municipal provisoire fut mis immédiatement en place par décret du Commissaire Régional de la République et la fonction de Maire, en attendant la libération d'Edouard Herriot, fut assumée par Justin Godard , Résistant au sein du Front National et responsable du Patriote Beaujolais.

A la première réunion de ce conseil, le 10 septembre 1944, Justin Godard rappelait :

« Notre Conseil est issu de la Résistance............ Au jour de la Libération, c'est la Résistance qui avait acquis le droit et avait les moyens de fournir les forces de l'ordre, de tirer de ses rangs ceux qui après les combats participeraient au fonctionnement des pouvoirs publics.

C'est ainsi qu'avec la préoccupation de faire leur part à toutes les formations de lutte, avec aussi la volonté de laisser, par la présence d'anciens élus, subsister un lien avec le suffrage populaire, notre conseil est composé de 17 de ces derniers, de 13 représentants des Mouvement Unis de la Résistance, de 6 membres du Front national, de 7 membres de la Confédération Générale du Travail, de 6 membres du Parti Communiste, de 6 membres des Comités de Coordination d'Action Chrétienne et de 2 personnalités à tendance largement libérale.

En évoquant la levée en masse des Résistants que résume la composition de notre conseil, je songe au spectacle de Lyon ces jours derniers, parcouru par les héroïques Forces Françaises de l'Intérieur, descendues vaillantes et intrépides des maquis, par nos troupes venues de l'Afrique du nord, mêlées fraternellement à des contingents américains.

Je songe aux fenêtres pavoisées aux couleurs de nos alliés... »  

Ainsi s'exprimait Justin Godart...

Quelques jours après, le général de Gaulle, du balcon de l'Hôtel de Ville, proclamait Lyon capitale de la Résistance.

73 ans se sont écoulés.... Il est certes important de se souvenir, mais il est surtout nécessaire de ne pas en rester seulement à cela.Nous avons un message à transmettre, un relais à passer.

Aujourd'hui en France mais aussi de par le monde des situations inquiétantes se développent. Des attentats frappent des innocents, la paix est menacée en permanence.

Mais plus sournoisement des idées de haine, d'exclusion, de racisme, d'antisémitisme apparaissent dans certains propos ou attitudes.

La bête immonde a-t-elle vraiment été éradiquée ou réapparaît-elle sous des oripeaux apparemment plus convenables mais tout aussi dangereux ? La jeunesse en est parfois, voire souvent la cible. C'est pour cela que nous avons une lourde responsabilité envers ces générations qui sont la France d'aujourd'hui mais surtout celle de demain.

Il nous faut être audacieux pour leur dire que ces combattants d'il y a plus de 70 ans pensaient déjà à leur avenir, à ces « jours heureux » du Programme du Conseil National de la Résistance.

Car la Résistance n'est pas une cendre à conserver, mais une flamme à transmettre.

 

 

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