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Pierre Brossolette

Fils de Léon Brossolette, inspecteur de l’enseignement primaire à Paris et ardent défenseur de l’enseignement laïque au début du XXème siècle, né à Paris le 25 juin 1903,  il entre premier à l’Ecole normale supérieure en 1922, puis deuxième à l’agrégation d’histoire derrière Georges Bidault. Membre de la Ligue des droits de l’homme, de la Ligue internationale contre l’antisémitisme et de la Grande Loge de France où il est initié en 1927, il adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1929.

D’abord fervent défenseurs des idéaux pacifiques et européens d’Aristide Briand, ses conceptions évoluent lorsqu’il prend conscience de la réalité de la menace nazie et de l’inévitabilité de la guerre. Il se présente sous l’étiquette du Font Populaire en 1936 à la députation dans l’Aube où il est battu. Il rentre alors au Ministère des colonies, puis devient journaliste écrivant dans plusieurs journaux ainsi que dans  celui de la SFIO « Le Populaire ». Il travaille également pour Radio PTT, dont il est licencié en janvier 1939, lorsqu’il s’oppose dans une émission aux accords de Munich.

En septembre 1939, il rejoint l’armée avec le grade de lieutenant. Il est promu capitaine et décoré de la Croix de guerre en raison de son attitude au cours de la retraite de son unité. Hostile au régime de Vichy, il rejoint le Groupe du musée de l’Homme et échappe de peu à son démantèlement. Il participe alors à la formation des mouvements de résistance Libération-Nord et Organisation civile et militaire en zone occupée. Il devient après sa rencontre avec le colonel Rémy, chef de la section presse et propagande de la Confrérie Notre-Dame créée par Rémy, sous le nom de code Pedro. Quand le régime de Vichy lui interdit d’enseigner, Brossolette et son épouse rachètent une librairie à Paris qui sert de lieu de rencontre et de « boîte aux lettres » pour les résistants. En mai 1942, suite à deux perquisitions successives, il vend la librairie et son appartement .En avril 1942, il rencontre le général de Gaulle à Londres en tant que représentant de la Résistance et est parachuté en France le 4 juin. Sa famille rejoint Londres en juillet 1942, tandis qu’il poursuit son activité de résistant , seul, en France .Promu commandant, il travaille pour le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) en liaison avec le « Special operations executive » britannique. Il repart en Angleterre en septembre 1942 .

En 1943, pour coordonner les mouvements de zone nord , la France Libre envoie en France le chef de ses services secrets en personne, André Dewavrin alias le colonel Passy (Arquebuse) et son adjoint Pierre Brossolette (Brumaire) avec Forest Yeo-Thomas alias « Shelley », agent du SOE , parachutés le 27 janvier .Ils vont parvenir à unifier l’ensemble des mouvements de résistance de la zone occupée dans le cadre de la mission « Arquebuse-Brumaire ».Le26 mars 1943, l’appartement de l’actrice Jeanne Herbling à Neuilly est le théâtre d’une rencontre capitale dans l’histoire de la Résistance. Le colonel Passy et Pierre Brossolette rencontrent les représentants de cinq mouvements de résistance : l’Organisation civile et militaire, Libération-Nord, Ceux de la Libération, Ceux de la Résistance et les Francs-Tireurs et Partisans (FTP), branche paramilitaire du Front National. Ces mouvements ont pour caractéristiques de disposer d’une organisation territoriale et d’être en mesure d’armer les unités déjà  constituées. Résolument gaullistes, ils sont hostiles à tout encadrement giraudiste.

 A l’unanimité, une déclaration de principe est adoptée : les responsables s’affirment résolus à abattre les dictatures, à rétablir les libertés républicaines, à mener à bien des réformes économiques et sociales décisives. Réclamée par la France Libre à Londres, la constitution du Conseil National de la Résistance (CNR) est à l’ordre du jour. Les représentants des mouvements , s’ils admettent une instance représentative de la Résistance, se montrent hostiles à la renaissance des partis politiques. Cette position conduit Brossolette à s’opposer à Moulin, partisan du retour des partis et d’une unification rapide des deux zones. La situation est d’autant plus confuse, que Moulin et Brossolette, de part leur ordre de mission, apparaissent en concurrence .Mais face aux accusations de césarisme de la part des anglo-américains, de Gaulle était résolu à avoir la caution des principaux caciques de la IIIème République. En fait Brossolette s’en tint à sa mission initiale : la création d’un comité de coordination de la zone nord réunissant les cinq grands mouvements. Jean Moulin ne pourra qu’entériner cette création ce qui n’entravera d’ailleurs pas  la formation du CNR. Dans la nuit du 15 avril 1943, la mission « Arquebuse-Brumaire » est exfiltrée vers l’Angleterre.

Pierre Brossolette est  aussi le porte-voix à Londres des combattants de l’ombre. Dans un discours à la BBC, le 22 septembre  1942, il rend un vibrant hommage aux »soutiers de la gloire », expression qui deviendra par la suite usitée. Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC en remplacement de Maurice Schumann et écrira des articles, dont un dans « La Marseillaise »qui sera par la suite considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre.

Après plusieurs passages soit à Alger, soit en France, Brossolette veut rentrer à Londres avec le nouveau délégué général du Comité de libération national, Emile Bollaert, désigné pour succéder à Jean Moulin arrêté en juin 1943. Plusieurs tentatives par Lysander échouent. Ils décident alors de rentrer par bateau. Le 3 février 1944, partant de l’Ile-Tudy, la pinasse « le Jouet des Flots » qui doit les conduire à une frégate britannique au large de l’île de Sein fait naufrage à cause du mauvais temps près de la pointe du Raz. Ils sont accueillis par la résistance locale, mais ils sont arrêtés sur le quai de la gare à Audierne voulant se rendre par le train à Quimper, lors d’un barrage de routine. Ils sont conduits à la prison de Rennes. Plusieurs semaines se passent avant qu’ils soient reconnus. Finalement ils sont transférés le 19 mars au siège de la Gestapo à Paris. On  ne sait toujours pas ce qui a pu les faire identifier : soit des fuites sur les tentatives d’évasion, soit un rapport vers Londres  non codé intercepté, soit la réapparition d’une mèche blanche apparue sans la teinture, de Brossolette. Affreusement torturé, Brossolette ne parlait pas. Le 22 mars, pendant une pause, enfermé dans une chambre de bonne au 5ème étage, craignant sans doute de céder sous la torture, il parvenait à ouvrir une fenêtre et à se jeter dans le vide. Transporté à l’hôpital de la Pitié, il devait succomber dans la soirée. Les autorités d’occupation ont fait incinérer son corps . Ses cendres ont été déposées au cimetière du Père-Lachaise.

Très critique envers la IIIème République, Brossolette estimait que la Libération devait être l’occasion de la création d’un grand parti de la Résistance menant une politique sociale ambitieuse. Cela lui vaut par ailleurs l’opposition des leaders des partis politiques et était son principal sujet de discorde avec Jean Moulin. Les dirigeants de la SFIO avaient décidé de son exclusion du parti, décision non appliqué en raison de sa disparition. Si la IV ème République reprit les mœurs de la IIIème, la Vème République représente pour certains, les idées de Brossolette sur l’après-guerre. Le général de Gaulle dans ses « Mémoires de Guerre » dit qu’il était détaché de tous les partis politiques et n’attendait rien d’efficace, aujourd’hui dans la guerre et demain dans la paix, que du « gaullisme »érigé en doctrine sociale, morale et nationale »

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