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Les forces navales françaises libres

Lorsque le 18 juin , le général de Gaulle lance son appel, la situation de la marine française se prête à ce qu’il soit entendu .En effet, la quasi-totalité des flottes de guerre et de commerce se trouve hors de France, hors d’atteinte des Allemands. L’une et l’autre sont intactes, préservées des catastrophes qui ont frappé les armées de terre et de l’air.Elles sont libres , en mesure de peser de tout leur poids considérable sur les événements et sur l’attitude de l’Empire. En Grande-Bretagne et dans les ports de l’Empire britannique, e trouvent 162 navires de commerce, une cinquantaine de navires de guerre , près de 200 navires auxiliaires (dragueurs, patrouilleurs, etc .. et plusieurs dizaines de bateaux de pêche qui ont quitté les ports de la Manche et de l’Atlantique avant l’arrivée des allemands)

Sur les bâtiments de guerre, l’atmosphère est à la discipline. Les ordres du gouvernement de Vichy qui leur parviennent sont que la résistance est inutile, que les conditions de l’armistice sont honorables, qu’il faut les exécuter .Peu d’hommes songent à désobéir. Sur les navires de commerce, soumis moins directement aux directives de maréchal Pétain ,le climat est à l’attentisme. 

C’est dans cette ambiance de renoncement que l’amiral Muselier nommé le 1er juillet1940 par le général de Gaulle au commandement des forces maritimes françaises libres cherche à constituer un force de combat

La mise sur pied d’une marine, les Forces navales françaises libres (FNFL) s’avère difficile car le chemin est semé d’embuches.

Lorsque le gouvernement britannique a compris que les marins français, dans leur majorité, n’acceptaient pas de continuer la guerre, il a été conduit le 3 juillet 1940 (opération Catapulte) à se saisir des navires, à les immobiliser ou à les détruire  (Mers el Kébir) pour éviter qu’ils ne tombent entre les mains de l’ennemi. Il est évident que ces trois opérations, en particulier la tragédie de Mers el Kébir ont alors poséun nouveau problème de conscience aux marins français et n’ont pas facilité les ralliements. Les équipages des bateaux en Grande-Bretagne sont transférés dans des camps.Il faudra de longues et délicates tractations, menées par le général de Gaulle personnellement et qui n’aboutiront que le 7 août (Charte de la France Libre)pour qu’une force française soit reconnue. Les ralliements seront lents. A ces problèmes de personnels’ajoutent des difficultés matérielles , dues au fait que le plupart des navires de guerre qui se trouvent en Grande-Bretagne sont dans un état médiocre. Aussi l’amiral Muselier accepte-t-il en avril 1941l’offre qui lui est faite d’armer des bâtiments neufs de construction britannique : ce seront notamment les corvettes.

Ainsi a pu naître une petite marine de guerre et de commerce digne de ce nom, à partir d’une population disparate composée de quelques rares officiers et officiers mariniers de carrière et de réserve et d’une masse de jeunes gens sans expérience préalable du métier de la mer ou des armes , mais animés d’une bonne volonté manifeste.

Le 3 août 1943, date de fusion avec les forces maritimes d’Afrique, les FNFL sont fortes de 13 000 hommes et comprennent une quarantaine de bâtiment de guerre , deux bataillons de fusiliers-marins, une flottille d’aéronavale et uns soixantaine de bâtiments marchands.

Les FNFL deviendront les FNGB (Forces navales en Grande-Bretagne) et continueront à se développer.La marine de guerre sera renforcée par 6 frégates, 1 destroyer d’escorte, 2 sous-marins, un bataillon de fusiliers-marins commandos et une flottille d’aéronavale. La marine marchande s’enrichira d’un cargo .L’amiral Muselier quittera ses fonctions au printemps 1942 ainsi que volontairement  la France Libre suite à une manœuvre contre de Gaulle et sera remplacé par l’amiral Auboyneau qui lors de la fusion avec les Forces maritimes d’Afrique deviendra l’adjoint du chef d’état-major général de la marine. L’amiral d’Argenlieu prendra le commandement des FNGB.

En juin 1940, après la débâcle, l’Angleterre s’est retrouvée seule face à l’Allemagne et l’Italie. O r l’Angleterre est une île et tout (ou pratiquement tout) ce dont elle à besoin vient par mer, par deux grandes routes de ravitaillement, est-ouest, celle des Etats-Unis et du Canada, nord-sud celle de l’Amérique du Sud et de l’Afrique . C’est la lutte pour assurer la protection de ces lignes de ravitaillement qu’on a appelé la Bataille de l’Atlantique. Comme a dit Churchill « c’est la bataille qu’il fallait à tout prix gagner , car sans cette victoire, il n’y aurait  pas eu  d’autres batailles, ni d’autres victoires »

Elle a duré du premier au dernier jour de la guerre ; elle s’est déroulé essentiellement dans l’Atlantique Nord, entre la banquise et l’Equateur.De son issue dépendait la survie de la Grande-Bretagne, mais aussi le transfert en Afrique du Nord puis en Europe de la puissance américaine. Nulle part ailleurs le péril n’a été aussi grand et la victoire aussi longtemps indécise.

La menace était multiple : les mines, les avions , les raiders de surface, les sous-marins. Cependant ce sont ces derniers qui représentaient le danger permanent et capital. Au plus fort de la bataille, 400 sous-marins ennemis, essentiellement allemands (U-Boote) étaient en service en 1943.

Neuf corvettes des Forces navales françaises libres ont pratiquement pris part à toute la bataille de l’Atlantique. Mais un contre-torpilleur, plusieurs avisos et patrouilleurs , six frégates de même qu’un sous-marin le « Surcouf » ont également joué un rôle non négligeable . Quatre U-Boote ont été officiellement coulés : l’U 136 pat le contre-torpilleur « Léopard » le 11 juillet 1942, l’U 609 par la corvette « Labelia » le 2 février 1943, l’ U444 et l’U 432 par la corvette « Aconit » le 11 mars 1943

La »Roselys »s’est distingué en outre, en mai-juillet 1942, sur la route de Mourmansk, où les convois et leurs escortes étaient soumis non seulement aux attaques de sous-marins mais aussi à celles des bâtiments de surface  et avions ennemis basés en Norvège. Les escorteurs ont souvent prêtés secours à des navires en détresse , tel le » Commandant Détroyat » qui recueille en une seule fois 379 naufragés ou encore le « Roselys » qui, malgré les risques encourus, manoeuvre pour sauver 179 hommes de 5 navires d’un convoi qui a sauté sur un champ de mines, ce qui vaudra à son commandant , le lieutenant de vaisseau d’être le premier officier allié à recevoir la croix d’officier de la Légion of Merit, prodigieuse décoration américaine.

Les pertes subies au cours de la bataille de l’Atlantique sont importantes. La corvette « Alysse »a été torpillée le 8 février 1942, la corvette »Mimosa »le 9 juin 1942. Le sous-marin » Surcouf »qui avait participé à des escortes à partir d’Halifax est coulé par méprise le 19 février 1942. Pour la seule année 1942, 416 marins de guerre ont disparu dans l’Atlantique. Après la débâcle de 1940, la Manche qui jusqu’alors pouvait être considérée comme une chasse gardée franco-britannique est partagée entre les Anglais et les Allemands.

Deux  trafics commerciaux distincts s’installent le long des côtes françaises et anglaises et vont être tout au long de la guerre et jusqu’au débarquement de Normandie l’objet d’attaques meurtrières. Dans l’ensemble, les succès comme les échecs ont été également partagés jusqu’à l’aviation ne soit plus capable, en raison de ses pertes sur tous les fronts , d’intervenir en force dans la Manche. Sont engagés dans cette bataille 11 chasseurs de sous-marins, 8 chasseurs de construction anglaise remplacés en août 1942 par huit vedettes lance-torpilles du type MTB (motor torpedo-boats)

Les chasseurs assuraient les patrouilles et les escortes de convois pratiquement entre Darmouth à l’ouest et Chataham en Tamise à l’est, tâches rendues périlleuses par la présence quasi-permanente de l’aviation ennemie. Quatre chasseurs participeront au raid de Dieppe et trois à celui de Btuneval.

Au cours de quinze combats, les MTB ont coulé quatre bâtiments ennemis, endommagé une douzaine d’unités, quatre avions ont en outre été abattus par les chasseurs de sous-marins.

Les marins de la FNFL ont souvent été dirigés , en raison de leur connaissance des côtes, vers la Résistance. Ils assurent de véritables services « presque réguliers » de transport de résistants, d’aviateurs alliés descendus en France, en liaison avec les réseaux clandestins , essentiellement de Bretagne.

Parmi les marins restés en France et décidés à poursuivre la lutte , plusieurs se sont engagés dans la résistance. Parmi les plus connus, les frères Ponchardier qui  ont pris la tête d’un réseau de renseignement et qui réussissent un exploit sensationnel. A la faveur d’un bombardement particulièrement réussi de la prison d’Amiens, ils assurent l’évasion de plusieurs détenus , figures importantes de la Résistance qui échappent ainsi à une peine capitale.

A l’aube du 6 juin 1944, le 1erBFM Commando , unité franco-anglaise où servent 450 français commandés par le capitaine de corvette Kieffer, débarque à Ouistreham. Depuis sa création en 1942, ces hommes n’ont cessé de prendre part à de nombreuses opérations discrètes mais sanglantes de reconnaissance et de sabotage dans les territoires occupés par les Allemands. Ils sont les premiers français à débarquer sur le sol de France en unité constituée et vont s’acquitter de leur tâche au-delà des espoirs formés par le commandement allié .Ils seront pendant 83 jours en contact avec l’ennemi, au prix de lourdes pertes .Le 1er BFM Commando n’est pas la seule unité de la marine. Participent aux opérations qui accompagnent ou suivent le débarquement :

Le torpilleur » La Combattante » qui protège le flanc droit de la 7ème brigade canadienne a l’ouest de Courseulles et a pour mission de nettoyer les plages de son secteur avant l’heure H. « La Combattante », s’était préalablement illustrée au cours des engagements dans la Manche en détruisant 3 bâtiments ennemis et endommageant 9 autres. Elle assurera le transport le 14 juin du général de Gaulle pour son retour en France et sa visite triomphale à Bayeux

4frégates,4 corvettes et 7 chasseurs de sous-marins qui escortent jusqu’aux plages de débarquement les convois d’assaut et de renforcement. Pendant deux mois après le 6 juin, toutes ces unités assurent la navette entre les ports anglais et la Normandie , participant de nuit à la défense aérienne en baie de Seine, ces opérations étant suivies plus tard par la réduction des poches de l’Atlantique.

Le cargo « Forbin » et le cuirassé « Courbet »se sont sabordés devant Hermanville pour servir de brise-lames devant le port artificiel. Le « Courbet » va pendant quelques jours être utilisé en batterie anti-aérienne  et sera l’objet de nombreuses attaques , par obus, bombes et torpilles de la part des Allemands doublement irrités de voir flotter le pavillon tricolore et celui de beaupré à croix de Lorraine.

C’est dans le domaine de la marine marchande que la France Libre a apporté à la Grande-Bretagne l’aide la plus massive . Aux 4 bateaux de commerce qui décident spontanément de poursuivre la lutte contre l’ennemi en ralliant Gibraltar, s’ajoutent les bâtiments saisis en Grande-Bretagne, dans l’Empire britannique et dans les colonies ralliées, au total 162 navires totalisant près de 700 000 tonneaux, soit le quart de la marine de commerce de 1939.Faute de personnel rallié en nombre suffisant , la France Libre ne sera pas en mesure d’armer, avec ses propres personnels , tous ces navires , mais seulement 66, battant le pavillon de beaupré à croix de Lorraine et représentant la marine marchande FNFL .Ils sont sans cesse en mer, naviguant sur tous les océans ; leur disponibilité est remarquable. Exposés aux mêmes dangers que les escorteurs qui les convoient , leur rôle reste discret et méconnu. Pour tous ces navires le fait d’arriver au port avec une cargaison intacte était une bataille gagnée

 Tout au long de la guerre , 29 des 66 navires marchands, presque un sur deux, seront perdus du fait des raiders, des sous-marins, des mines, des bombardiers de la Luftwaffe, des vedettes  ou par fortune de mer. Ce chiffre est considérable et significatif de l’âpreté des combats soutenu par les marins marchands.

Pour la seule année 1942, 157 marins de commerce ont disparu dans l’Atlantique.

Les marins de la France Libre, aux côtés de la Royal Navy, dans les années difficiles, quand l’issue du conflit était incertaine , présents et actifs sur tous les théâtres , quand la guerre s’est élargie à l’échelle du monde, ont payé un lourd tribut.

La marine de guerre a perdu au combat ou par fortune de mer : 1 contre-torpilleur, 1 torpilleur, 2 sous-marins, 2 corvettes, 2 patrouilleurs, 2 chasseurs, un millier d’hommes soit 17% des effectifs combattants.

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