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La bataille de Stalingrad

Sept décennies après la reddition de la VIème armée du maréchal Paulus, près de soixante ans après que le dernier prisonnier allemand ait enfin été autorisé à retourner dans ce qui avait été son pays, et après que la ville ait été rebaptisée Volgograd, la seule évocation du nom de Stalingrad fait immédiatement surgir des images tragiques et frappe autant les imaginations. Aujourd’hui encore,  ce nom reste un symbole de la lutte contre le nazisme.

Alors que la Wehrmacht a été stoppée à Moscou l’hiver 1941, mettant un terme à une avancée spectaculaire depuis le déclenchement de l’opération Barbarossa le 22 juin 1941, elle est repartie à l’assaut au printemps 1942. Elle fait, cette fois, porter l’essentiel de son effort sur le front sud car, en raison des pertes gigantesques de l’année précédente, elle ne peut plus attaquer dans toutes les directions. A nouveau, l’Armée rouge doit reculer dans le chaos en subissant des pertes énormes. Ce « plan Bleu », les Allemands le lancent pour s’emparer des pétroles du Caucase et couper l’une des principales routes par lesquelles transite l’aide anglo-saxonne aux Soviétiques, qui remonte depuis l’Iran. Il s’agit pour les Allemands de vaincre l’URSS au plus tôt et en tout cas de liquider ce front avant l’arrivée massive des troupes américaines en Europe. Mais les Allemands commettent l’erreur de diviser leurs forces une fois que leur offensive quitte l’Ukraine pour pénétrer en Russie du Sud. Une partie des forces se dirige vers le Caucase tandis que l’autre poursuit sa route vers l’est afin de protéger les flancs des forces précédentes et aussi tenter de couper le cours de la Volga. Du coup, la pointe sud finit par être ralentie par la résistance soviétique à la fin de l’été. Stratégiquement, le plan Bleu a d’ores et déjà échoué, tout au moins pour ce qui concerne l’année 1942. L’effort se porte alors sur Stalingrad, qui ne constituait pas véritablement un objectif jusque-là. La cité est investie,  le 23 août, par la VI ème armée du général Paulus, après avoir été réduite en ruines par de très nombreux raids aériens.

Les Soviétiques ont décidé de ne plus reculer. Stalingrad doit être tenue coûte que coûte : les pétroles de Bakou transitent par la Volga et la ville abrite un très important nœud ferroviaire ainsi que des industries lourdes. Pour la défendre : la 62ème armée, commandée par le général Tchouïkov et milices ouvrières locales. Ces forces seront constamment maintenues à la limite de l’extinction totale par l’arrivée de renforts qui sont réinjectés au fil des jours dans la ville à travers la Volga. Au fur et à mesure de son avance dans l’agglomération, la Wehrmacht se retrouve prise au piège de la guerre urbaine. Guerre difficile, car elle rassemble, tout à la fois, les caractéristiques du combat les plus archaïques et celles du combat le plus moderne et le plus technique. Ces dans ces mois de l’automne 1942 que pratiquement toutes les notions tactiques de la guerre en zone urbaine furent créées et sont globalement encore en vigueur de nos jours .Les Soviétiques vont y exceller, ce qui ne les empêchera pas de payer un prix exorbitant en termes de vies humaines. Tous les combattants vont vivre un enfer digne de celui de Dante. Combattants soviétiques et allemands sont littéralement imbriqués. Il n’y a plus de front et les positions sont parfois à quelques mètres les unes des autres, on se bat autant à distance de tir qu’au corps à corps. Dans une telle configuration, la Wehrmacht perd l’essentiel de ses atouts : mobilité, puissance de feu, professionnalisme, modernité. Mais elle avance tout de même lentement,  trop lentement. Elle inflige des pertes inouïes à son adversaire, mais elle en subit aussi dans des proportions encore jamais vues. Elle s’épuise et son rythme de progression est de plus en plus lent : s’il se calculait en kilomètres en septembre, il se calcule en mètres en novembre, lorsque les positions soviétiques sont réduites à une mince bande de terrain le long de la Volga. Les Allemands envoient toujours plus de renforts, mais les Soviétiques aussi. Ces derniers peuvent se le permettre, tandis que les Allemands sont obligés de retirer des troupes de leur axe de progression vers le Caucase, qui s’en trouve affaibli d’autant. Pendant neuf semaines, les combats se poursuivent sans pour autant être décisifs. Pendant ce temps, les Soviétiques amassent des renforts considérables dans les steppes au nord et au sud de la ville. Les flancs du dispositif de l’Axe menant à Stalingrad sont tenus par des unités alliées (Italiens, Hongrois, Roumains) faibles et très mal équipés. Le renseignement allemand ne voit rien. Le 19 novembre 1942, l’Armée rouge lance l’opération Uranus : un gigantesque double encerclement partant à la fois du nord et du sud et qui bouscule les positions tenues par les Roumains et les autres armées alliées. Quatre jours plus tard, les deux tenailles de la pince font leur jonction à 80 km à l’ouest de Stalingrad. La VI ème armée est encerclée. La Luftwaffe arrive de moins en moins à la ravitailler. Vivres, munitions, médicaments… tout vient à manquer. La VI ème se clochardise peu à peu. Plus au sud, le maréchal von Manstein tente une audacieuse opération blindée en direction de la ville assiégée pour venir au secours de Paulus et de ses hommes, mais échoue. Dés lors le sort de la VI ème armée est scellé : ce n’est plus qu’une question de temps. Les Soviétiques vont alors l’écraser et la tronçonner méthodiquement. Le 2 février 1943, Paulus se rend avec toutes les troupes encore sous ses ordres, soit 91 000 hommes, dont seuls  6 000 survivront à la guerre. Quant aux forces allemandes avancées en direction du Caucase, elles n’ont plus qu’à effectuer leur retrait précipité afin d’éviter le même sort. 

En mars 1943, les armées du Reich sont revenues grosso modo aux positions qu’elles occupaient au mois de mai de l’année précédente, c'est-à-dire au moment du déclenchement du plan «Bleu». L’offensive de 1942 n’a servi à rien et la situation générale des Allemands est incomparablement pire. Une armée a été perdue à Stalingrad. Aucun des objectifs du plan n’a été atteint, à commencer par les pétroles de Bakou. Plusieurs armées alliées de l’Allemagne ont également été anéanties  (deux armées roumaines, une armée hongroise et une armée italienne) et l’alliance avec ces pays en sort considérablement affaiblie. Elle est au bord de l’éclatement ; l’Allemagne va se retrouver quasiment seule. Les pertes allemandes s’élèvent à 280 000 hommes, soit autant que pour l’ensemble du front de l’est entre le déclenchement de l’opération « Barbarossa » (22 juin 1941) et le 30 mars 1942 . Quant aux alliés leurs pertes sont aussi monstrueuses : près de 130 000 italiens, 117 000 hongrois, 109 .000 roumains. Au total l’Axe perd dans cette campagne environ 760 000 hommes soit l’équivalent de cinquante divisions . Les pertes matérielles sont également considérables . Première conséquence pour l’ensemble du front : l’armée allemande va devoir encore réduire le nombre de combattants sur le front de l’Est. Il en manque 825 000 .

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