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L’escadrille « Normandie-Niemen »

Les états de service du Groupe de Chasse « Normandie-Niemen » sur le Front de l’Est de la Seconde Guerre mondiale sont particulièrement exceptionnels. En 5 240 missions de guerre ,4354 heures de vol de guerre et 869 combats aériens, le groupe a obtenu 273 victoires aériennes confirmées plus 37 probables , 47 avions ennemis endommagés , 132 camions ennemis détruits, 24 voitures ennemies détruites, 22 locomotives détruites et 2 vedettes coulées. A cet incroyable bilan, il faut rajouter les nombreuses gares, usines , cantonnements, terrains d’aviation et trains attaqués Ces quelques chiffres résument le brillant palmarès de « Normandie-Niémen » qui en fait l’une des unités françaises les plus titrée de tous les temps. En France, au même titre que la 2ème DB du général Leclerc, la » Normandie-Niémen »est passée de l’Histoire à la Légende. Cette glorieuse page d’histoire a été écrite par 9 membres des services généraux (médecin, radio, interprète, secrétaire), 42 mécaniciens, 96 pilotes de chasse et 3 pilotes de liaison. Sur ces 99 pilotes, 44( dont deux abattus par la R.A.F) sont « Morts pour la France », entre le 13 avril 1943 (premier mort) et le 12 avril 1945 (dernier tué). Cela représente un taux de perte de près de la moitié de l’effectif. De plus, il important de noter que sur le nombre total de pilotes abattus au-dessus du territoire occupé par l’ennemi, 3 seulement ont été faits prisonniers et sont rentrés en France à la fin de la guerre ( soit 7%). Ce pourcentage est bien inférieur à celui de toutes les forces aériennes belligérantes ( R.A.F, U.S A .F, Luftwaffe etc..). Il faut donc en conclure que l’ordre formel signé en mai 1943 par le maréchal Keitel , chef d’état-major suprême allemand, stipulant de fusiller sur le champ tout pilote de « Normandie »fait prisonnier, a été exécuté dans une large mesure. D’ailleurs le sort qui fut réservé au pilote Roger Pinon en est malheureusement le plus triste exemple. A l’occasion du procès de Nuremberg, il a été révélé que lors de sa disparition , Roger Pinon , après avoir été atteint par la Flak, était parvenu a poser son Yak sur le ventre . Mais il fut exécuté d’une balle dans la nuque par un sous-officier allemand , sans même avoir pu sortir de son cockpit. Pour bien comprendre pourquoi et comment le Régiment « Normandie » a vu le jour, il est nécessaire de revenir deux ans avant sa création , et de se replacer dans le contexte de l’époque. En juin 1940, la supériorité des troupes allemandes écrase en quelques semaines les armées françaises. Le 18 juin , le général de Gaulle lance n appel qui deviendra historique. Depuis Londres, au micro de la BBC, la radio anglaise, il convie tous les Français qui n’acceptent pas la défaite , où qu’ils se trouvent , à s’unir à lui dans l’action, sans véritablement savoir de quoi l’avenir sera fait. Des aviateurs français qui refusent de se soumettre aux exigences du gouvernement de Vichy s’évadent de France et d’Afrique du Nord principalement , pour rejoindre l’Angleterre , désormais seule à combattre l’ennemi allemand. Le premier ralliement d’aviateurs regroupe environ 600 volontaires pour la plupart jeunes élèves pilotes en cours de formation. Le 8 juillet 1940 voit la création officielle des Forces aériennes françaises libres (FAFL) dont le commandement est provisoirement confié au vice-amiral Muselier. Celui-ci propose comme emblème des Forces françaises libres (FFL) la Croix de Lorraine en souvenir des origines lorraines de son père. Dans un premier temps, les unités volantes françaises sont incorporées au sein de la Royal Air Force (RAF). Par la suite, pour des raisons de propagande, il est décidé de donner des noms de provinces françaises aux groupes des FAFL. Les deux premières unités réellement FAFL à voir officiellement le jour sont le groupe de chasse n°1 (G.C.1) « Alsace » et le groupe de bombardement n°1 (G.B.1) « Lorraine », créés les 1er et 2 septembre 1941. Ils seront suivis par le G.C. II « Ile de France » et le G.B.II « Bretagne » respectivement créés le 20 octobre 1941 et le 1er janvier 1942. Le prochain groupe de chasse sera le G.C.III « Normandie » . AU début de l’année 1942, alors que la situation alliée est catastrophique sur tous les fronts, le général de Gaulle manifeste son intention de créer une unité française qui ira combattre aux côtés des Russes, sur le territoire soviétique. Après de longues et laborieuses négociations ( dont la cheville ouvrière est le capitaine Albert Mirlesse) avec l’U.R.S.S, le groupe de chasse (G.C.III) est officiellement créé à Rayack au Liban, le 1er septembre 1942. Quinze jours après, le G.C.III est baptisé « Normandie ». Le 12 novembre 1942,61 militaires français dont 15 pilotes (14 de chasse et un de liaison) et 42 mécaniciens , décollent de Rayack pour Bagdad (Irak).Après un long périple, en trains, camions et avions, le « Normandie » rejoint le 29 novembre la base d’Ivanovo, ville située à 250 k au nord-est de Moscou. L’extraordinaire aventure de « Normandie » va commencer. Les hommes qui vont constituer le G.C.III proviennent de tous les horizons : Indochine, Angleterre (principalement), Libye, Afrique du Nord)Il est important de noter qu’ils se sont tous portés volontaires pour le G.C.III. Ils sont unis par le même idéal : continuer la lutte contre l’occupant nazi. Le médecin (Lebiedinsky) et les deux interprètes (Schick et Stakhovitch) sont tous les trois d’origine russe. Les mécaniciens, en grande majorité, viennent des groupes »Alsace » et « Lorraine » où ils ont été recrutés par le commandant Pouliquen, premier commandant de « Normandie ». Concernant les pilotes, 6 viennent du Levant (nom donné à l’ensemble des pays de la côte orientale de la Méditerranée)et sont issus du G.C.I (Castelain, Derville, Litolff, Poznanski, Préziosi, Tulasne),5 de la R.A.F (Béguin, Bizien, de la Poype, Mahé, Risso), 3 du G.C.II (Albert, Durand, Lefèvre) et 1 de l’armée de l’air (de Pange, pilote de liaison) E sont principalement des pilotes expérimentés dont plusieurs ont participé à la campagne de France, à la bataille d’Angleterre, ou aux combats du Levant. L’histoire de « Normandie-Niémen » est en tout point exceptionnelle. Elle est surtout exceptionnelle par l’amitié indéfectible qui a lié les Français aux Russes et qui perdure de nos jours. Mieux que de belles phrases , il suffit de lire ce qu’a écrit le célèbre écrivain et journaliste russe, Ilya Ehrenbourg Il ne s’agit pas évidemment pas d’arithmétique. Que signifiait un groupe de pilotes , même les meilleurs et les plus hardis, dans un combat gigantesque où l’ on s’affrontait par millions ? Il s’agit d’amitié , d’élan du cœur, qui sont plus chers aux peuples que tous les discours et les déclarations. Il s’agit de sang versé sur la terre russe. Et la Russie n’oubliera jamais que les Français , pilotes au »Normandie-Niémen », sont venus chez nous avant Stalingrad. ( Extrait du texte de Yves Donjon publié dans le bulletin de l’ASAF n°96 à l’automne 2012 ) Le général de Gaulle avait tout d’abord envisagé d’envoyer une division mécanisée sur le front de l’Est, mais l’opposition anglaise à cette idée et l’avis du général Vallin , commandant les FAFL, lui firent changer d’avis. Les négociations avec les soviétiques furent longues , menées d’une part par le capitaine Mirlesse parallélement menée par le général Petit en mission pour la France Libre à Moscou. Sur la base d’Ivanovo, une formation fut donnée aux personnels pour l’apprentissage sur des Yak-1. Le groupe fut engagé à partir du 22 mars ans la bataille de Koursk-Orel et perdit son commandant Jean Tulasne et son adjoint Albert Littolff remplacés par le colonel Pierre Pouyade et le commandant Louis Delfino. Joseph Staline attribua à l’unité , devenue Régiment à quatre escadrilles, le nom de Niémen le 21 juillet 1944 pour sa participation aux batailles du fleuve Niémen. Début juin 1945, un décret de Staline accorda aux combattants de rentrer en France avec leurs armes et ik fut fait don à chacun de son Yak-3 à titre personnel .Le20 juin 1945, les aviateurs retrouvèrent la France en se posant au Bourget.

En 2013,70 ans plus tard, les derniers témoins de cette épopée s'éteignent: ainsi Roland de la Poype,l'un des Compagnons de la Libération les plus décorés est décédé en octobre et on a appris la disparition de Pierre Lorillon, autre as de l'aviation française, à l'âge de 94 ans en février 2014.

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