Service départemental de l'ONACVG du Rhône    Quartier Général Frère  BP 41   22, avenue Leclerc 69998 LYON CEDEX 07        Mail :       magali.molina@onacvg.fr  

 ATTENTION NOUVEAU NUMERO D’APPEL 04 81 49 11 81

 

MESSAGE POUR LE 71ème ANNIVERSAIRE DE LA LIBERATION DE LYON

En ces premiers jours de septembre 1944, Lyon comme toutes les villes de l’agglomération, allaient être « libérées ». Certes la guerre n’était pas finie, mais les libérateurs, les résistants et les forces alliées étaient là.

Pour l’ancienne capitale des Gaules, la libération était  imminente  mais que d’épreuves endurées durant ces funestes années, avant de pouvoir goûter des journées de liesse et de renaissance dans tous les quartiers de la ville.

Des images qui ne gomment pas cependant, la noirceur du nazisme, de la guerre et d’une occupation en ombre et en lumière.

Les cérémonies du 70ème anniversaire  du Débarquement en Normandie, l’an dernier, ont certainement aidé les plus jeunes d’entre nous à mesurer ce que fut la guerre, et combien l’espérance de la liberté et de la paix retrouvées étaient immenses.

Mais souvenons nous : Le 10 mai 1940 l’armée allemande rompt la drôle de guerre qui durait depuis septembre 1939, par une offensive éclair qui l’amène à occuper le territoire métropolitain en totalité.

Lyon sera occupé à deux reprises par les forces allemandes : du 19 juin  au 7 juillet 1940, ligne de démarcation oblige, puis du 11 novembre 1942 au 3 septembre 1944. Entre 1940 et 1942, Lyon est donc la grande ville  de la zone libre qui voit naître les grands mouvements de la résistance et les grands titres de la presse clandestine. Elle est aussi la ville où Jean Moulin, après son arrestation, le 21 juin 1943 à Caluire, est torturé par Klaus Barbie et la Gestapo. C’est pour ces multiples raisons que le Général de Gaulle, lors de sa venue à Lyon, en septembre 1944, qualifie la ville de « Capitale de la Résistance ».  

Mais avant que le rideau ne tombe, les Lyonnais, auront affronté des épreuves qu’ils ne soupçonnaient pas, pour lesquelles ils n’étaient pas préparés.

Dans un contexte particulièrement pesant en 1944, plus la réalité de la défaite s’affirme, plus les troupes d’occupation - la police allemande et leurs auxiliaires français, vont s’acharner dans la répression et dans la barbarie. Les juifs et les résistants sont traqués. Des familles entières sont arrêtées depuis l’aïeul jusqu’aux petits enfants - Les déportations s’accélèrent. Des trains partent pour Compiègne,  pour l’Allemagne ou pour d’autres sinistres destinations.

Les exécutions sommaires, s’accélèrent aussi. Les prisons lyonnaises servent de réservoir d’otages, comme celle de Montluc. Prélevés dans leurs cellules, les prisonniers, quand ils ne sont pas fusillés sur place sont transportés en groupes sur différents points de la banlieue pour être abattus sans même un simulacre de procès.

Tous ces lieux de supplices deviendront autant de lieux de mémoire et de recueillement, honorés depuis dans tout le département du Rhône.

Quant au sort de la prison Montluc il faudra avoir recours à d’âpres tractations et menaces partagées avant que celle-ci ne soit abandonnée par l’autorité allemande au soir du 24 août 1944. Lorsque les résistants entrent enfin dans la prison ils sont accueillis par les détenus chantant la Marseillaise. Près de 800 survivants de Montluc, la plupart dans un état pitoyable – attendront dans des lieux d’accueil la libération définitive de Lyon.

Quelques jours auparavant il était fermement envisagé de les faire fusiller. Ils auraient alors rejoint les 580 détenus et martyrs de Montluc déjà sacrifiés par le régime nazi.

Tandis que le mois d’août 1944 s’achève, les troupes allemandes cantonnées à Lyon semblent encore nombreuses, réparties dans plusieurs casernements. Les allemands tiennent également les hauteurs de la ville et les  endroits stratégiques de l’agglomération.

Il est évident que les troupes d’occupation craignant une insurrection, ont monté un scénario à priori dissuasif, qui pourra être le cas échéant, renforcé par les soldats battants en retraite depuis le Midi de la France.

Mais en vérité dans ces derniers jours d’août 1944  la situation sera tout autre. Lyon voit défiler les vestiges de l’armée allemande en déroute. Le 1er septembre 1944 les derniers régiments remontant du Midi arrivent en débandade, lambeaux d’une armée battue, mais qui va encore semer la terreur en maints endroits au cours de sa retraite en direction de l’Allemagne.

Depuis la veille, les occupants en partance usant d’une autre stratégie, ont commencé des destructions systématiques. Ainsi des incendies sont provoqués dans les gares et les ateliers de Perrache et des Brotteaux, mais aussi les magasins généraux et l’Arsenal de la Mouche.

Le samedi 2 septembre, c’est au tour des ponts de Lyon d’être la cible des artificiers. Le matin, les ponts sur le Rhône sautent un à un, le pont Galliéni, sera le premier et le pont de la Boucle s’effondrera le dernier, après le passage des convois attardés.  L’après midi les artificiers s’attaquent aux ponts sur la Saône qui à leur tour subissent le même sort.

Dans le fracas des explosions non seulement les ponts s’effondrent mais les quartiers situés aux alentours sont également sinistrés à la suite des déflagrations. Dès le lendemain les évènements vont se précipiter. Le dimanche 3 septembre sera radieux à l’heure où les libérateurs entreront dans Lyon. Un détachement de la Première Division blindée des F.F.L.( Force Française Libre), commandée par le Général Diego BROSSET, est dépêché sur Lyon pour appuyer l’offensive des F.F.I, alors que depuis la veille au soir, la  rive gauche du Rhône est déjà aux mains de la Résistance et des soldats américains de la 36ème division d’infanterie.

A six heures du matin ces troupes parviennent à franchir le Rhône et à investir la presqu’île. Deux heures plus tard les F.F.I, du commandant Mary, arrivent dans la ville pour atteindre sans difficulté l’Hôtel de Ville. A neuf heures, le Premier Régiment de Fusiliers-marins, appartenant à la Première D.F.L, flanqué de maquisards F.F.I et F.T.P, gagne aussi la presqu’île sous les hourras de la population. Le Général Diego BROSSET est sur leurs pas. Sans descendre de sa « Jeep » à qui il fera grimper les escaliers donnant sur la place des Terreaux, l’impétueux Général fera une entrée remarquée à l’Hôtel de ville de Lyon.

A part quelques accrochages dans la banlieue nord, les allemands ne se feront guère remarquer au cours de cette journée particulière, somme toute plutôt calme, du point de vue de l’activité militaire.

Il pourra être alors écrit « Par un jour d’été la liberté retrouvée », Lyon n’est plus occupé.

Le moment est venu pour la population de découvrir quelques grands noms, que la libération de Lyon a tiré vers la notoriété.

Yves FARGE : Compagnon de la Libération, il fut le premier Commissaire de la  République de la Région Rhône-Alpes libérée. Négociateur avec succès pour la libération des prisonniers de Montluc.

ALBAN-VISTEL : à la tête des M.U.R (Mouvements Unis de la Résistance), il fut choisi comme chef régional des F.F.I, Auguste VISTEL est devenu alors le colonel ALBAN.

Justin GODART : En 1940 il refuse, comme d’autres parlementaires, de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Quatre ans plus tard, après avoir consacré son énergie à lutter contre les persécutions raciales, il est nommé Maire provisoire de Lyon.

Le Général DESCOUR : Chef d’Etat major régional des F.F.I, il fut l’un des derniers grands cadres de la Résistance intérieure. Il cumulera d’autres fonctions, Gouverneur militaire de Lyon par intérim et commandant de la 14ème région militaire.

Déjà cité le Général Diego BROSSET : Entré à Lyon en libérateur le 3 septembre 1944 à la tête de sa 1ère D.F.L, il trouvera la mort à la suite d’une embardée de sa jeep sur un petit pont le 20 novembre 1944.

Cette liste n’est pas exhaustive, de très nombreux noms mériteraient aussi d’être cités, ils appartiennent à notre histoire partagée. L’ombre de Jean Moulin, probablement décédé le 8 juillet 1943, plana sur Lyon en ce jour de libération.

 

Avec l’avancée en age inéluctable, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, la grande majorité des témoins directs, survivants de ces évènements, n’ont jamais été des soldats, ni des résistants, parce que à l’époque ils étaient tout simplement des enfants. La guerre ils en ont connu toutes les peurs et toutes les privations, mais elle a ensemencé en eux des souvenirs indélébiles. Le film repasse encore dans leur mémoire, avec son cortège d’images et de bruits qui les ont marqués.

 

Saint Exupéry a écrit, « Les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu s’en souviennent ». Les enfants de la guerre, eux n’oublieront jamais les épreuves endurées.

 

Actuellement dans le monde, des millions d’enfants innocentes victimes, souffrent au quotidien des horreurs de la guerre. Leurs pleurs, leurs cris, sont autant d’appels au secours !  C’est à nous qu’il appartient de savoir les entendre.     

 

                                                                              

                                                                      Maurice ODIARD

                                                            Président de l’UFAC du Rhône

                                                     1er Vice président du Comité de Liaison

Ajouter un commentaire