Message en hommage au Préfet Jean Moulin
Message en hommage au Préfet Jean MOULIN
Ce message a été lu dans les Préfectures le 17 juin 2010 en présence des personnels des Préfectures et des représentants des associations d'Anciens Combattants.
Demain sera célébré dans toute la france , mais aussi à Londres , en présence du Président de la République , l'anniversaire des soixante-dix ans de l'appel du 18 juin.
Ce message du général de Gaulle est devenu un symbole de notre Histoire.
Pour commémorer dignement cet événement , souvenons-nous de la résignation et de la peur , qui régnaient alors , et du défi qu'a représenté cet appel aux consciences.
Pour célébrer dignement cet événement , revenons au jour qui l'a précédé . Terrible journée que le 17 juin 1940 , jour de la défaite acceptée officiellement , publiquement , dans un pays où l'ennemi entrait en vainqueur incontesté . Et pourtant cette journée du 17 juin a vu se dresser l'un des premiers acteurs de la Résistance Française , Jean Moulin.
Ce 17 juin 1940 , l'occupant entre dans la ville de Chartres , une ville dévastée par les bombardements . Le préfet Jean Moulin est resté à son poste pour faire face avec une poignée de collaborateurs , et assurer la protection des quelques centaines d'administés que compte encore la ville.
Depuis trois jours , Jean Moulin a vu basculer ce morceau de la France qu'il s'est juré de continuer à administrer.
En ce 17 juin , il n'est plus question d'ambition mais de survie ; il n'est plus question d'influence mais d'entraide ;il n'est plus question de politique mais de guerre.
C'est après avoir entendu l'ordre de repli des civils , puis celui de l'armée Française , après avoir vu partir ceux sur qui il comptait , qu'il est resté seul face au destin.
A 7 heures du matin , ce 17 juin , les premiers motocyclistes , puis les officiers nazis passent devant la cour de la préfecture ouverte , où Jean moulin , debout , attend son sort.
Au nom de ce que lui -même appelle dignement la <<loi de la guerre >> , Jean Moulin prend acte de la victoire nazie , et demande à l'occupant le respect des populations , qui lui est dans un premier temps assuré ; Mais ce répit est de courte durée.
A 18 heures , deux officiers nazis viennent le chercher pour le soumettre à un affreux marchandage.On veut lui faire signer un protocole déclarant l'armée Française , et ses Tirailleurs Sénégalais , responsables d'atrocités sur des femmes et des enfants dont les corps sont découverts horriblement mutilés . Jean Moulin sait que les Tirailleurs Sénégalais n'ont rien à se reprocher : il refuse.
Menacé , frappé , torturé , pendant plus de sept heures , il ne céde pas.
Dans cette nuit du 17 au 18 juin , à l'heure même où , à Londres , le Général de Gaulle écrit le discourt qui deviendra l'appel du 18 juin , Jean Moulin , dans sa cellule de fortune , choisit de se trancher la gorge avec des débris de verre , pour ne pas signer un témoignage honteux , pour ne pas trahir la France.
Les officiers nazis doivent renoncer à leur misérable entreprise . Jean Moulin est soignée puis regagne la préfecture , cinq mois avant d'être révoqué par le régime de Vichy.
Viennent ensuite les années terribles ou Jean Moulin révèle des qualités inégalées , qu'il met au service du Général de Gaulle en fédérant la Résistance . Dans cette bataille des courages , il arrive à organiser les hommes , jusqu'à créer et présider le Conseil National de la Résistance.
Le 21 juin 1943 , le service de renseignement et de sécurité du IIIème Reich l'arrête à Caluire , et trois ans après le premier combat , commence pour lui le dernier : se taire quinze jours encore sous la torture , et malgré l'acharnement de ses bourreaux , mourir les lèvres serrées.
Mesdames et Messieurs , j'ai voulu que , dans chaque préfecture , soit rappelé , en ce 17 juin 2010 , cet acte de courage et d'honneur.
Membres du corps préfectoral et personnels de préfecture , vous portez cet héritage . Votre attachements aux libertés et aux valeurs de la République , votre déontologie , et votre mobilisation au service de l'administration de notre territoire et de la sécurité des personnes et des biens s'inscrivent dans le prolongement de son engagement.
Nous nous souvenons ensemble , aujourd'hui , avec émotion , de ce que fut le premier combat de Jean Moulin , alors qu'il était un préfet qui croyait à la France.
Le Ministre de l'Intérieur.
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