Eloge funèbre de Mr André Freudenreich par Maurice Odiard

C'est avec une immense tristesse que j'ai appris par mon ami Jean-Claude BORDES, le décès d'André FREUDENREICH ce lundi 12 février. Je le savais très affaibli par des problèmes de santé qui le harcelaient au quotidien, mais sans pour autant supposer une issue aussi brutale. Aujourd'hui tous ses amis de notre bureau directeur sont en deuil. Ils perdent l'un des leurs et non des moindre, un grand serviteur du monde combattant pour la préservation et la défense du devoir de mémoire qui leur incombe à tous. Comment oublier son charisme lors de nos réunions, mais aussi sa courtoisie, sa modestie à l'égard de chacun de nous, son amitié sincère et profonde qu'il nous faisait partager avec la générosité qui le caractérisait.

Incontestablement André va nous manquer et nous manque déjà. Longtemps sa chaise restera vide de sa présence. Nous aurions dû lui rendre au quintuple tout ce qu'il nous a donné durant toutes ces années au sein de notre Union départementale de I'UFAC du Rhône dont il était le Vice président délégué.

Union où il fera adhérer son Association phare à laquelle il était viscéralement attaché, l'AACRMI (Association des Anciens Combattants, Résistants, du Ministère de l'Intérieur), qu'il a servi avec un dévouement exemplaire en qualité de Président interdépartemental et Vice-président national.

Sa vie toute entière fut un parcours hors du commun dans tous les domaines ou il a laissé sa marque, comme l'atteste son curriculum vitae : Sa vie professionnelle d'abord qu'il débuta en qualité de professeur de mathématique, avant d'accomplir ses obligations militaires en Algérie avec le grade de lieutenant de réserve.

A son retour après 28 mois et 13 jours de service il choisira de rentrer dans la police pour y faire carrière et franchir tous les échelons dans les différents services d'affectation. Durant son activité il exercera également des mandats syndicaux, des mandats sportifs qui lui prirent certainement beaucoup de son temps.

Avec la fin de sa vie professionnelle, viendra alors le cumul des mandats de retraité de manière à ne pas décrocher complètement et se rendre utile autrement sur un plan relationnel. Le verbe « servir » est certainement celui qu'André affectionnait le plus, celui qui collait le mieux à son personnage.

Dans l'enseignement, servir la jeunesse pour qu'elle apprenne. En Algérie, servir la France au cours d'une Guerre qui mis longtemps à être reconnue comme telle. Dans la police servir la population pour la protéger. Dans ses mandats syndicaux et sportifs la notion de servir sera encore très présente comme elle le sera dans ses mandats de retraité. C'est pour toutes ces raisons qu'il fera le choix de rejoindre la section du Rhône de l'Union Française des Associations de Combattants et de victimes de Guerre, pour servir encore le monde combattant au sein des 24 associations de notre regroupement associatif. Orfèvre en la matière, André s'était porté volontaire pour une réécriture de nos statuts qui dataient et pour la rédaction d'un nouveau règlement intérieur afin d'être en osmose avec nos obligations associatives. Par la précision de ses écris, il avait mené là un travail méticuleux qui perdurera dans le temps.

Aujourd'hui je m'interroge, avons-nous témoigné à ce cher André, suffisamment d'intérêt pour tout ce qu'il nous a apporté. Avons-nous été en capacité pour lui exprimer à certains moments notre reconnaissance. En revanche, je sais qu'il n'aurait pas apprécié que lui soit tressé des couronnes de lauriers pour le mettre en valeur, il y avait chez lui trop d'humilité. C'est ce qui faisait sa force et sa grandeur.

André était titulaire de nombreuses décorations, mais s'était son jardin secret, il ne s'en vantait pas. Chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur au titre des DPLV, Officier de l'ordre National du Mérite, Croix de la Valeur Militaire, Croix du Combattant Volontaire, Croix du Combattant AFN, Médaille de la Reconnaissance de la Nation, Médaille Commémorative AFN, Médaille d'Honneur de la Police, Médaille d'Argent de la Jeunesse et des Sports. Toutes étaient amplement méritées.

Alors en ces tristes circonstances qui nous rassemblent aujourd'hui, les membres du bureau de notre Union départementale que je préside depuis l'an 2009, se joignent à moi pour vous adresser, chère Madame FREUDENREICH, ainsi qu'à vos filles Myriam et Isabelle à votre fils Bernard, à vos petits enfants nos pensées les plus émues. Vous voila unis dans la même douleur, sachez combien nous partageons votre peine. Nous aurons également une pensée pour Eric trop tôt disparu, ce qui fut déjà pour vous tous une douloureuse épreuve.

Et puis je veux également dire notre solidarité associative, à tout les membres et amis de l'AACRMI et des retraités de la police qui viennent de perdre un responsable dont les compétences faisait l'unanimité.

Mais à ce moment de mon propos qu'il me soit permis d'avoir une pensée particulière pour ce cher Jean-Claude BORDES, le fidèle compagnon de route, très éprouvé lui aussi par cette disparition, pour qui André n'était pas qu'un ami fidèle de longue date, mais un frère pour tout ce qu'ils ont partagé ensemble, au cours de leurs activités professionnelles ou associatives.

Maintenant je me tourne vers toi cher André, une dernière fois pour te dire tout simplement ; «Au cours de mon parcours associatif depuis quatre décennies, ce que je veux retenir en particulier c'est d'avoir eu le privilège de te rencontrer, de t'avoir côtoyé en maintes occasions durant toutes ces années et d'en avoir tiré des enseignements selon ton image, comme savoir rester humble, dévoué au service des autres, défendre leur cause, bref servir sans en attendre de remerciements ».

Merci cher André, je suis triste de te voir partir déjà, mes pensées les plus sincères, les plus amicales t'accompagnent aujourd'hui Dorénavant c'est dans nos souvenirs que tu vivras.