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Allocution Roger GAY 3 septembre 2020

Libération de LYON 3 septembre 2020 Discours pour le COMITE de LIAISON par Roger GAY

 

Le 3 septembre 1944, les lyonnaises et les lyonnais sont enfin libérés de la tyrannie de l’occupant nazie et de la sinistre milice, auxiliaire zélée de la gestapo dans la chasse aux Résistants avec les rafles et les pillages des biens juifs.

Un vent de liberté souffle enfin sur notre ville !


Cinq jours après Marseille, grâce aux combats menés par la Résistance dans la Vallée du Rhône, facilitant l’avance rapide des alliés débarqués  le 15 août en Provence….la population lyonnaise accueille l’armée de la France Libre composée en grande partie d’hommes issus de ce que l’on appelait alors « l’empire colonial ».

Souvenons-nous que la dernière Résistance à l’avance allemande en juin 1940 fut celle du 25éme Régiment de Tirailleurs Sénégalais à proximité de Chasselay .

Ils furent massacrés victimes de la haine raciale des soldats de la Wehrmacht.

Peut-on y voir un » vengeance de l’histoire » ?

Durant les ultimes semaines de l’occupation, les Résistants ont augmenté leurs actions contre les forces d’occupation et de répression…

Sentant la fin, Allemands et miliciens arrêtent massivement, torturent, exécutent. Ils ouvrent le feu indifféremment tant sur des passants innocents que sur les Résistants.

Les massacres de  prisonniers extraits de la prison Montluc  ensanglantent nos faubourgs et les campagnes comme en témoignent les nombreux sites et monuments.

Le SS Klaus Barbie avec sa gestapo semble résolu à exterminer tous les détenus des prisons lyonnaises.

Heureusement tout va changer le 1er et le 2 septembre.

Contrairement à ce qui s’est passé à Villeurbanne le 24 août, Lyon n’a pas eu l’insurrection qu’espéraient pourtant  nombre de Résistants.

L’arrestation de membres de l’Etat-major FFI, l’anéantissement du Service Régional de Renseignements, la menace d’exécutions massives d’otages, ont pesé  dans le choix d’Alban Vistel d’éviter une insurrection.

Il décide alors de l’encerclement de Lyon et fait converger sur la ville  toutes les unités des FFI des maquis de l’Ardèche, de  l’Isère, de l’Ain, de la Drôme, celles du Colonel Descours au sud, du commandant Mary au nord, et les  maquis du Beaujolais et de la Vallée de l’Azergues.

Le 1er septembre il ordonne de resserrer le siège de Lyon et conquérir des communes et quartiers périphériques.

Les pénétrations se font par Caluire, la Croix-Rousse, Vaise, Tassin, Sainte Foy ou encore Oullins et la Mulatière.

La décision d’attaquer est prise pour le 3 septembre au petit matin avec l’appui de la première Division Française Libre du Général Brosset avant-garde de l’armée de Lattre.

Le drapeau tricolore flotte depuis la veille au soir sur la Préfecture où s’est installé Yves Farge, nouveau Commissaire de la République.

Dans la nuit les forces de la Résistance s’emparent de l’Hôtel de Ville, rejointes le matin du 3 septembre par les hommes du général Brosset.

Un  soleil radieux baigne une ville libre où  se développe la liesse populaire.

Une  joie qui n’estompe pas la mémoire de celles et ceux qui ne  sont pas là pour vivre ces jours heureux parce que tombés aux combats, fusillés, massacrés, morts en déportation… Mais ils sont bien présents dans les pensées.

La Libération est enfin là, le cauchemar de la terreur est terminé.

Pour nombre de ces combattants de l’ombre, la volonté de poursuivre le combat pour abattre définitivement la bête immonde du nazisme les amènent à rejoindre la nouvelle Armée française, devenant acteurs de la victoire des peuples le 8 mai 1945.

 Grâce à la Résistance et aux Combattants de la France Libre, le drapeau tricolore figure aux cotés de ceux de nos alliés des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de l’Union Soviétique.

 Cette victoire du 8 mai 1945 permet enfin le retour des prisonniers, déportés, rescapés des camps et bagnes nazis.

Mais à Lyon, dès ce 3 septembre 1944, la vie doit reprendre.

Il faut évidemment, châtier, épurer celles et ceux qui se sont engagés dans la collaboration, mais surtout permettre au peuple citoyen  de reprendre ses droits.

Il faut réorganiser les services publics, et rétablir la démocratie.

Un Conseil municipal provisoire est installé par décret du Commissaire Régional de la République.

En attendant le retour d’Edouard Herriot, la fonction de Maire est confiée à Justin Godart, Résistant du Front National et responsable du Patriote Beaujolais.

Ce conseil municipal issu de la Resistance est composé de représentants des Mouvement Unis de la Résistance, des membres du Front National, de la Confédération Générale du Travail, du Parti Communiste, des Comités de Coordination d’Action Chrétienne ainsi que des anciens conseillers ne s’étant pas compromis avec le régime pétainiste.

Lors de sa première séance Justin Godart rappelle :

«  Au jour de la Libération, c’est la Résistance qui avait le droit et les moyens de trouver dans ses rangs ceux qui après les combats, participeraient au  fonctionnement des pouvoirs publics.

Et il évoque : «  le spectacle de Lyon, ces jours derniers, parcouru par les FFI… nos troupes venues d’Afrique du Nord mêlées aux contingents américains »

Quelques jours après, le 14 septembre, le général de Gaulle, du balcon de l’Hôtel de Ville, proclame Lyon Capitale de la Résistance.

76 ans après…. Il est évidemment  important de se souvenir, mais il est surtout  nécessaire  de ne pas en rester seulement à cela.

Nous avons un message à transmettre, un relais à passer.

Les acteurs ont disparu, ou vont disparaitre emportant avec eux ce que leurs yeux ont vu et leurs souvenirs.

On ne trouve cela dans aucun compte-rendu, rapport, ou document officiel surtout quand il est question d’une situation de guerre et à plus forte raison si celle-ci est subversive comme le furent les combats de la Resistance.

Ces témoignages souvent oraux, leur transmission contribue à mettre cette période hors de l’atteinte de l’oubli ou des risques de défiguration de la légende.

C’est en  ce sens que les jeunes d’aujourd’hui ont une place importante et doivent devenir les nouveaux acteurs de la transmission.

Ils développent  un grand intérêt pour ces pages de notre histoire nationale, en témoigne leur participation chaque année au Concours National de la Résistance et de la Déportation.

Pour eux, que nous devenons les témoins de ces témoins et leur transmettons ce flambeau.

C’est une tâche essentielle car aujourd’hui en France, en Europe et dans le monde, des situations inquiétantes se développent.

Des attentats frappent des innocents, des peuples sont opprimés, la paix menacée en permanence.

Sournoisement des idées de haine, d’exclusion, de racisme, d’antisémitisme apparaissent dans certains propos ou attitudes.

La bête immonde peut réapparaître sous des atours convenables mais tout aussi dangereux !

La jeunesse de notre pays en est parfois, voire souvent la cible.

Nous avons une lourde responsabilité envers ces nouvelles générations. Pour elle et en  mémoire de celles et ceux qui nous ont précédé, ne laissons pas réécrire l’histoire. Ne laissons pas relire ou interpréter les faits ou les situations en sortant du contexte de leur époque.

C’est ce qu’attendent de nous celles et ceux qui ont sacrifié une partie de leur jeunesse ou leur vie.

Nous  le leur devons, comme nous leur devons notre liberté.

En terminant  j’emprunterais ces mots à l’Académicien André Chamson :

« Nous étions tous enfermés dans l’étroit destin du combat mais, préparé par les sacrifices obscurs, des soldats sans uniformes, ce destin s’appelait déjà la victoire et la liberté. »

Alors soyons fidèles afin que vive la République dans notre France du 21éme siécle.

 

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