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Allocution du 8 mai 2018 à Lyon .

Le 8 mai 1945, vers 23h, le Feldmarschall Wilhelm KEITEL pénètre dans le QG soviétique, non loin d’un BERLIN anéanti par les derniers combats. Saisi d’un haut-le-corps, il prononce alors cette phrase restée célèbre : « Quoi ? les Français aussi ? Il ne manquait plus que ça! »

Eh bien oui ! Les Français aussi… A 23H 16, le général de Lattre de Tassigny apposera sa signature sur l’acte de capitulation au nom de la France. Combien d’efforts, de sacrifices, de volonté, aura-t-il fallu pour que notre pays, humilié comme jamais 5 ans plus tôt, soit présent parmi les vainqueurs !

Cette présence, elle est d’abord due à l’esprit de Résistance, manifesté dès l’armistice de 1940 par ceux, si peu nombreux alors, qui refusaient la défaite alors que Charles de Gaulle sauvait, à Londres, ce qui nous restait d’honneur. Cet esprit de résistance qui, peu à peu, et surtout à partir de 1942, saura se développer, se renforcer, et surtout s’unir.

Elle est due ensuite à la renaissance de nos armées. Ces armées, dont on souligne d’ailleurs trop peu l’extraordinaire courage et les innombrables actes d’héroïsme lors de la débâcle de 1940.

Une renaissance assurée par les rares soldats, marins et aviateurs, qui rejoignirent Londres dès le début, et puis par ces armées de l’Empire, qui, peu à peu, se sont ralliées à la France Libre, pour en faire la France Combattante, et par ces chefs de la pauvre armée d’Armistice qui, au lendemain de l’invasion de la zone Sud, surent quel était leur devoir.

Oh, certes, au moment de la grande offensive, nos forces pesaient peu, numériquement, aux côtés de la formidable puissance de leurs alliés…

« Comme elle est courte, l’épée de la France, au moment où les Alliés se lancent à l’assaut de l’Europe !», écrivait Charles de Gaulle dans ses Mémoires de Guerre. Mais il ajoutait aussitôt : « Jamais non plus, son armée n’eut une qualité meilleure. Renaissance d’autant plus remarquable qu’elle est partie d’un abîme de renoncement. »

Alors, quelles étaient-elles, ces forces, au sein du dispositif allié qui allait reprendre pied en Europe ?

En rappelant les classes jusquà la 1918, l’Empire parvint à recruter 116000 hommes d’origine française, sans compter les admirables tirailleurs, spahis et autres goumiers d’origine africaine. S’y rajoutèrent 15000 combattants issus de la France Libre, 12000 évadés ds France, 13000 Corses, et 6000 femmes.

Ainsi, au sein du dispositif allié, la France Combattante put aligner pour la Bataille de France 1 commandement d’armée, 3 de corps d’armée, 6 divisions d’infanterie, et 4 divisions blindées, ainsi que 3 groupements de Tabors et 2 de parachutistes.

Notre Marine, malgré la tragédie de Mers el Kebir et le sabordage de Toulon, pourra faire combattre plus de 130 bâtiments dont 2 cuirassés, 16 croiseurs et 18 sous-marins, et notre aviation put faire voler 500 appareils.

La création, en mars 1944, des Forces Françaises de l’Intérieur, englobe de son côté toutes les forces clandestines, ainsi organisées pour pouvoir se joindre le moment venu à nos armées. Ce moment viendra, au fur et à mesure de l’avancée de la Première Armée dont le chef Jean de Lattre de Tassigny saura faire preuve de l’autorité et de l’intelligence nécessaires à la réalisation de ce qu’on appellera l’amalgame.

Enfin, après la glorieuse campagne d’Italie, arrivent les débarquements. On sait comment, amenée tardivement sur nos côtes par les Alliés, la 2ème DB de Leclerc libérera Paris, puis accomplira le serment de Koufra en faisant flotter nos couleurs sur la cathédrale de Strasbourg. Elle ira jusqu’en Bavière et investira le fameux « nid d’aigle » d’Hitler à Berchtesgaden. Lyon en garde aujourd’hui trace, puisque la dernière Mercedes de parade du Führer est exposée au musée Henri Malartre depuis bientôt 50 ans…

De son côté, la première armée représente la majorité des effectifs débarqués en Provence le 15 août. Son irrésistible progression est connue de tous. Ce qui l’est moins, ce sont les problèmes d’approvisionnement et de carburants dûs à cette avance rapide, imprévue par le haut commandement allié…

Viendra alors la remontée triomphale de la Vallée du Rhône, la libération de Lyon par la division du flamboyant général Diego BROSSET, dont notre bonne ville est hélas bien seule à perpétuer la mémoire.

Ainsi, c’est au prix d’un formidable effort, d’une détermination sans faille et d’innombrables sacrifices que nos armées ont su, moins de 5 ans après avoir connu le plus grand désastre de notre Histoire, faire mériter à la France une place parmi les vainqueurs.

Cette place, au delà de l’honneur retrouvé, a permis à la France d’obtenir une zone d’occupation en Allemagne et à Berlin, mais également de retrouver son rang mondial, notamment par son siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Par la suite, l’action de la France dans la construction européenne fut permise, n’en doutons pas, par sa présence le 8 mai à Berlin.

Enfin, la totale et irréversible réconciliation franco-allemande, pilier de la paix en Europe, fut scellée lors d’un week-end passé à Colombey par le chancelier Adenauer.

Il y a deux ans, sur la place Bellecour, nous commémorions le 75e anniversaire du 8 mai. Il y avait là, fraternellement stationné aux côtés de nos troupes, un détachement de la Bundeswehr. On vit alors quelques Résistants, dont ma mère, décorés de la Légion d’Honneur devant des drapeaux allemands.

La preuve était faite que, retenant les leçons de l’Histoire, Lyon, capitale de la Résistance, était désormais celle de la réconciliation.

Pascal CHARRET

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