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Allocution du 11 novembre 2019 prononcée par Mr. Philippe MARTIN , au nom du Comité de Liaison.

Discours pour le 11 novembre 2019

 

Monsieur le préfet de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, préfet du Rhône,

Monsieur le Maire de Lyon,

Monsieur le Général de Corps d'Armée, gouverneur militaire de Lyon,

Mesdames et Messieurs les élus, en vos grades et qualités,

Mesdames et Messieurs les présidents des associations patriotiques,

Mesdames et Messieurs les portes drapeaux,

Mesdames et Messieurs,

 

A la 11e heure, du 11e jour, du 11e mois, un clairon se mit à sonner. Sur tout le front, des forêts vosgiennes aux plaines du nord, des tranchées de la Meuse aux fossés de l'Artois, le cessez-le-feu commençait. La paix était revenue !

Pour cela, le 11 novembre 1918 est entré dans l'histoire.

Pourtant, en ce dernier jour, il y eut encore 11000 tués, blessés ou disparus. Le dernier français tué a été Augustin Trébuchon, estafette de la 9e compagnie du 415' régiment de la 163e division d'infanterie, tué à 10H45 d'une balle dans la tête. Il n'est pas réellement le dernier mort du conflit. On s'entend pour considérer que le dernier des derniers a été l'Américain Henry Gunther, abattu moins de 60 secondes avant l'heure de l'armistice.

Mais, maintenant, c'était la fin.

La guerre était finie I Elle avait duré 4 ans, 3 mois et 14 jours. Elle a fait plus 10 millions de morts, soit 1 mort toutes les 12 secondes, 5 morts par minute... Il faut y ajouter 8 millions d'invalides, 12 millions de déplacés. La France compte 1450 000 morts et disparus, 1900 000 blessés et un déficit des naissances de 3 074 000 âmes.

Mais, le 11 novembre, tout était fini !!!!

Est-ce si sûr ?

Les soldats restent l'arme aux pieds. En France, la démobilisation se faisant par classe d'âge 1, les 5 millions d'hommes sous les drapeaux ne rentrent que bien lentement chez eux ; les classes 1918-1919 uniquement entre mai 1920 et mars 1921. Que de choses à redécouvrir, que de vies à reconstruire !

La violence ne cesse pas. En Alsace et en Moselle, enfin libérées après leur annexion suite à la défaite de 1870, des exactions sont commises, c'est une « guerre après la guerre ». Partout, le retour dans les foyers est difficile. Les prisonniers et les populations anciennement occupés sont libérés : mais qui se soucie de leur sort ? Il n'y a pas de reconnaissance des souffrances et des privations subies. Le traumatisme est entier. Et que dire de ceux qui rentrent dans des paysages de vide, qui découvrent leurs maisons rasées, leurs terres labourées par les obus, les forêts couchées au sol. Pour tous ces hommes et ces femmes, la guerre n'est pas finie.

Et puis, il y a ces sanatoriums dans les grandes plaines du nord, ce « service des baveux » à l'hôpital du Val de Grâce... Tous ces centres où sont accueillis blessés et invalides.

La guerre est-elle vraiment finie pour eux? Après le 11 novembre, en Europe, plus de 500 000 vont mourir des suites de leurs blessures.

Et puis, le clairon du 11 novembre n'a pas été entendu à l'est. Là, avec l'éclatement et la disparition des grands empires, est apparu un « un espace sans frontière »2. C’est la guerre civile en Russie, l'Ukraine est aux mains de l'armée anarchiste de Makhno, l'Allemagne est ravagée par la révolution, Turcs et Grecs se massacrent, la Légion tchèque contrôle le transsibérien...

Qui se souvient que la France est de tous ces combats ?

Le 11 novembre 1918, un certain Joseph Kessel embarque en rade de Brest pour Vladivostok. Il est un des 200 000 soldats occidentaux engagés en Extrême-Orient.

D'autres Français sont en Crimée aux côtés de l'armée de Wrangel ; c'est encore la marine française qui, en novembre 1920, évacue 150 000 civils et militaires vers Constantinople où la France a construit des hôpitaux.

La guerre ravage aussi les confins de la Pologne, de l'Ukraine et de la Russie. En juin 1917, la jeune armée polonaise compte 70 000 hommes dont 10% de soldats français : c'est l’« Armée bleue » formée à Sillé-le-Guillaume, dans les Pays de Loire. Le 11 novembre 1918 ne signifie rien pour eux. En janvier 1919, ceux qui, « officiellement », sont des observateurs sont autorisés à participer aux opérations. En fait, 2 000 officiers français sont présents, à partir de mai 1919, dans les durs combats autour de Varsovie. L'un d'eux deviendra spécialement célèbre : le capitaine De Gaulle qui y passera 18 mois. En 1920, il écrit : « Être inactifs, tandis que l'on se bat tout près, c'est tellement contraire à la tradition française ! »

Oui, le 11 novembre 1918 est une date importante ; elle est entrée dans la mémoire.

Non, le 11 novembre n'est pas la fin de la guerre ; il est le premier pas vers la paix.

L'histoire du 11 novembre nous rappelle que la paix est un combat permanent, qu'il convient de rester vigilant. La paix n'est pas un dû, c'est une volonté qui se projette dans un futur meilleur pour échapper à un passé trop lourd. La paix n'est jamais acquise ; elle se construit.

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[1] Les Britanniques renvoient en priorité les soldats justifiant d'une offre d'emploi ; les Américains préfèrent garder sous les drapeaux les hommes les plus qualifiés.

[2] Sic Frédéric Guelton.

 

 

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