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Rôle de la base du Mont-Verdun dans l’opération « Serval »

Chaque jour, les officiers américains passent le poste de sécurité de la base 942 de Mont-Verdun, vont directement au « PC Serval » et repartent au soir vers leur hôtel de la région lyonnaise avec, pour seul détour entre ce lieux, le mess.

Derrière ses aspects de »bonne vieille opération africaine comme on a toujours su le faire »l’intervention militaire au Mali a un autre visage. Face aux terroristes d’AQMI et a ses affidés djihadistes, c’est aussi une guerre technologique à distance. Elle repose sur une imbrication très poussée des moyens aériens et de renseignement. Ses scénarios ont été planifiés ici depuis deux ans.

Aujourd’hui en réseau, ces différents capteurs des avions ou des drones -image, vidéo, radar- permettent aux forces engagées de se coordonner, des commandos aux bombardiers. Leurs logiciels sont capables de reprogrammer les missions en cours de vol pour larguer des munitions devenues précises au mètre près. Les renseignements sont fusionnés au Niger, avant d’être utilisés par Lyon pour programmer les opérations. » les djihadistes ne comprennent pas d’où viennent les frappes, ils ne savent pas ce que l’on voit » explique un haut responsable militaire. Dans ce cadre, pour la première fois, les Américains ont placé des avions sous contrôle opérationnel étranger, à commencer par leurs tankers, qui volent depuis la base de Moron en Espagne.

Jeudi 14 février, la neige recouvre les monts dans lesquels s’isole la base 942 , lui donnant des allures de décor de guerre froide. C’est aujourd’hui » le plus gros noeud de communications de l’armée de l’air » dit le commandant du site, car c’est aussi en ce lieu que se commande la sûreté aérienne de la France. Le cœur du Centre national des opérations aériennes (CNOA) occupe, sous terre, le bunker rejoint par un couloir de 500 mètres. Dans cette salle ont été planifiés les trois raids aéroportés menés sur Gao, Tombouctou et Tessali, au nord du Mali. D’ici, l’on surveille en temps réel ce qui se passe dans le désert.

C’est à Mont-Verdun que sont élaborés jusqu’à J-1 les ordres d’opération des avions. Les  P.C du terrain, Bamako, N’Djamena et Gao pour les forces terrestres prennent le relais au moment de l’action. La deuxième phase de Serval s’achève. Etablie depuis des mois, la liste des cibles fixes à frapper, camps d’entraînement djihadistes, dépôts de munitions, centres logistiques, est presque réalisée, assurent les militaires.

Serval est, selon le général Jean-Jacques Borel, patron de son volet aérien » la première opération dans laquelle la France définit les buts de sa campagne et insère des moyens étrangers dont nous assurons à nos alliés le bon emploi » ; Ce contrôle opérationnel des moyens couvre une dizaine d’avions de transport alliés. L’affaire concerne également les avions espions mis à disposition par Washington et dans une moindre mesure par Londres avec un Sentinel. Le centre de commandement et de contrôle , installé depuis 2008 à Mont-Verdun, comprend 30 cadre en temps normal ; devenu commandement Afrique centrale et de l’Ouest, il est monté à 70 officiers , dont trois Britanniques et quatre Américains.

Le Pentagone a proposé de mettre à disposition, outre ses drones déjà déployés, un Joint STARS , avion radar capable de surveiller 50 000 km² et de détecter n’importe quelle petite cible mobile au sol.L’insertion de ce gros fournisseur de données est en cours d’étude.Les militaires américains ont aussi admis des Français à bord de leurs petits U 28, avions des forces spéciales déployés dans le Sahel. Ils donnent de l’information, « une marque de confiance »se réjouit-on devant les ordinateurs de Serval.

(article de Nathalie Guibert dans Le Monde du 18 février 2013)

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